La Baronne et la Truie : Nature et culture
"Une fois qu’on maîtrise ces outils-là, affirme FRANCINE ALEPIN au sujet du mime, c’est fou ce qu’on est libre! On n’est plus seulement porté par les émotions: on dispose d’outils pouvant servir le jeu, et élargir le registre."
Au terme d’une formation en interprétation, Francine Alepin, comédienne et metteure en scène de La Baronne et la Truie, découvre la pratique théâtrale de la compagnie Omnibus, basée sur "un vocabulaire gestuel et un jeu physique non réaliste". La comédienne, dès lors, explore un théâtre plus corporel. "Le mime permet la prise de conscience et l’appropriation du corps et de l’espace, explique-t-elle. Quand on apprend une technique comme celle-là, on ne fait pas seulement ce qu’on peut: on fait ce qu’on veut."
Chez Omnibus, dont elle est artiste permanente depuis 1981, "on crée des spectacles divers, du mime pur aux textes traditionnels"; le mouvement y occupe toujours une large place. Transportant artistes et public en terrain non réaliste, "très poétique", le mime confère une dimension nouvelle au spectacle en permettant d’exprimer autrement ce que vivent, en profondeur, les personnages.
Dans La Baronne et la Truie, que Francine Alepin interprète avec Denise Boulanger, cofondatrice d’Omnibus, "le mime est présent tout le temps; mais le mouvement ne prend jamais le dessus sur le texte qui pourrait, d’ailleurs, être joué tout autrement" assure l’artiste. Créée en français par Omnibus en 1998, cette pièce marque la deuxième collaboration de la compagnie, après Le Précepteur en 1994, avec Michael Mackenzie, auteur montréalais d’origine anglaise.
L’action se déroule à la fin du XIXe siècle, époque des débuts de la photographie et de l’impressionnisme, source d’inspiration pour l’aspect visuel du spectacle. Une baronne, "conformiste, prude", engoncée dans "une étiquette et des principes", recueille une jeune fille élevée par des truies: "une enfant sauvage, qu’elle va essayer de rendre plus humaine." "Prendre l’être le plus vil et lui inculquer les bonnes manières" : tel est son projet, en toute philanthropie, dont le but ultime est de transformer Émilie, l’enfant sauvage ainsi baptisée en l’honneur de L’Émile de Jean-Jacques Rousseau, en domestique stylée…
S’affrontent alors, on s’en doute, nature et culture, dans une série de tableaux ironiques. Comme les Persans de Montesquieu observant les Français, Émilie agit comme un révélateur chez les aristocrates. À la Baronne "très très naïve", Émilie dévoile, sans le vouloir, le vide des conventions et les hypocrisies qui fondent sa vie. Au contact l’une de l’autre, la Baronne et la Truie se transforment, évoluent, tour à tour maîtres, et élèves…
Jusqu’au 3 mars
Au Théâtre Périscope
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