Nest : Nid d’amour
En s’ inspirant des travaux de Joseph Beuys et de l’avant-garde des années 70, le chorégraphe CHRISTOPHER HOUSE a créé une pièce pour les 13 danseurs de sa compagnie, le Toronto Dance Theatre.
Le Toronto Dance Theatre, une des plus prestigieuses compagnies de danse au pays, n’a pas donné de spectacles à Montréal depuis dix ans. Le grand retour, que le directeur artistique et chorégraphe Christopher House a préparé en pleine confiance, se fera du 1er au 3 mars à la salle Pierre-Mercure, avec Nest, une pièce qui, à la veille d’y être reprise en avril, a déjà reçu l’an dernier à Toronto un accueil des plus chaleureux.
"La chorégraphie raconte l’histoire… de sa propre création! C’est auto-référentiel. Le titre vient du fait que le nid, c’est le lieu, chaud et confortable où la création se prépare. C’est le lieu qui protège les oeufs avant l’éclosion. L’incubation. Ce qui couve avant de prendre son envol. Pour illustrer cela, je me suis inspiré des travaux de Joseph Beuys, figure très importante du mouvement d’avant-garde dans les années 70. Il raconte, même si c’est une légende, qu’il a été pilote durant la Seconde Guerre, et qu’écrasé et perdu en Crimée, il a été sauvé par des nomades, qui, pour le protéger, l’ont enveloppé dans la graisse et des couvertures de feutre. C’est ce qui lui a sauvé la vie. Par la suite, il a beaucoup travaillé avec la graisse et le feutre comme matières; et je suis parti de ça moi aussi."
Réunissant 13 danseurs, dont House dans un petit rôle, Nest se veut une combinaison de danse, narration, arts visuels. "Je suis sur scène et je parle, en alternance aussi avec ce qui est préenregistré. Le décor est fait de feutre et nous utilisons sur scène des objets créés par Beuys que nous avons reproduits, comme un petit traîneau, une lampe de poche, des costumes. En fait d’arts visuels, il ne s’agit pas de projections, rien sur vidéo, mais bien d’installations. La bande sonore que nous a composée Phil Strong, qui fait habituellement de la musique de film, est constituée d’extraits de pièces de John Cage et de madrigaux de Monteverdi", ajoute le chorégraphe impatient de revenir à Montréal où de nombreuses expériences avec les étudiants de l’UQAM, ceux des ateliers de danse moderne, et les Grands Ballets Canadiens, lui ont laissé autant d’amis que d’excellents souvenirs.
Les critiques déjà parues à Toronto ont salué l’audace de Nest, qui a été en nomination pour un prix Dora Mavor Moore. "Si par audace, on a voulu dire que comme chorégraphe j’ai pris des risques tout en étant le plus clair possible dans mes intentions: je pense que oui, c’est un spectacle audacieux. Je crois que dans cette pièce, j’avance des idées fortes."
Comment se préparer à les recevoir? Christopher House propose, sur un ton léger: "Ouverture et curiosité! Nest joue avec des idées sur l’art et le processus créatif. Bien sûr que c’est intellectuel, mais pas aride. Et il y a de l’humour dans toute cette chose étrange, ça aide à faire passer! Je crois que le public montréalais sera surpris de nous retrouver de cette façon, dix ans plus tard! Mais on arrive avec un spectacle qui a fait ses preuves, et franchement, on est plus excités que nerveux!"
Du 1er au 3 mars
À la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau
Montréal mène la danse
Pour clôturer le 2e Festival Montréal en Lumière, tourné cette année vers la danse, les organisateurs ont pensé à mettre sur pied un spectacle qui réunirait sur une même scène et en une même soirée, les principales compagnies de danse montréalaises. Démonstration à tous, la visite et nous itou, de notre savoir-faire. C’est à Clothilde Cardinal et à Pierre Desmarais qu’on a confié la conception de ce spectacle. "On nous a donné carte blanche mais avec la commande de montrer la diversité des écoles et des genres, dans ce qui se fait en danse contemporaine à Montréal, explique Clothilde Cardinal. Nous travaillons là-dessus depuis l’automne, et nous sommes très satisfaits du résultat. Notre contrainte, ce sont les absents de cette soirée, parce qu’on n’a pas pu avoir tout le monde, mais il y a tellement de choses intéressantes, qu’on peut pratiquement songer, à un deuxième programme!"
Réunissant une quarantaine de danseurs, ce qui est déjà exceptionnel, la prestigieuse soirée de clôture, toutes chapelles confondues, permettra de voir 9 pièces de 8 compagnies aussi différentes que les Grands Ballets Canadiens, O Vertigo, Sinha Danse, la Fondation Margie Gillis, la compagnie Flak, Sarah Williams, La La La Human Steps, et le Montreal Practical Crew…
"Nous verrons des extraits de chorégraphies qui ont déjà eu du succès et qui sont des valeurs sûres, comme Exaucé d’Édouard Lock, Perfume de gardenias de José Navas, et Jardi Tancat de Nacho Duato mais la proportion de création est presque de 50 %. Par exemple, les Grands Ballets nous proposent L’Effet papillon de Shawn Hounsell, en primeur, même chose pour Roger Sinha avec Loha qui n’a été vue qu’à Ottawa. Luna, la toute nouvelle création d’O Vertigo nous arrive de Lucerne quant au Montreal Practical Crew, spécialisé dans le hip-hop, la troupe prépare, avec Les Anges de la Cité interdite, une démonstration de son évolution vers le décloisonnement."
Le 24 février
Au Théâtre Maisonneuve