The Faerie Queen : La vie est un songe
Le Ballet British Columbia nous propose de plonger dans l’univers enchanteur du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Un ballet non traditionnel à la façon de JOHN ALLEYNE.
Avant de découvrir The Faerie Queen, l’opéra de Purcell, John Alleyne était déjà fasciné par le thème du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. "C’est quelque chose que je souhaitais faire depuis longtemps, dit-il. Ça fait neuf ans que j’y pense. C’est une histoire vraiment classique avec son monde réel et son monde fantaisiste." Après avoir créé des oeuvres contemporaines abstraites pendant des années, le directeur artistique du Ballet British Columbia signe ici son premier ballet narratif.
La critique de Vancouver a très bien accueilli The Faerie Queen lors de la première en novembre dernier. "Les gens trouvent que c’est nouveau, explique-t-il. Avant, ils trouvaient mon travail sombre et froid. Pourtant c’est le même vocabulaire, mais en plus chaleureux." Une chaleur qu’il attribue à la charge émotive des personnages, au thème qui a si bien su l’inspirer.
Rappelons brièvement le propos du Songe d’une nuit d’été. Amoureuse de Lysandre, Hermia défie l’autorité d’Égée qui la destine plutôt à Demetrius. Les amoureux s’enfuient d’Athènes, poursuivis par Demetrius puis par Hélèna qui est éprise de ce dernier. Tous pénètrent dans la forêt enchantée où le roi Obéron et la reine Titania règnent sur une cour composée de fées et d’enfants. Obéron reproche à sa femme l’amour possessif qu’elle voue aux deux petits humains qu’elle a adoptés. Il demande à Puck de l’aider à lui donner une leçon au moyen de la fleur magique qui a le pouvoir de rendre amoureux.
Armé de la fleur, Puck s’amuse malicieusement aux dépens des humains, ce qui donne lieu à une belle confusion dans les couples. La reine elle-même tombe amoureuse de Thésée qu’Obéron avait déjà changé en âne. Le chorégraphe n’avait pas envie de tourner cette relation en ridicule. "L’amour est toujours beau s’il est sincère", précise-t-il, et c’est avec cette conviction qu’il a abordé le sujet.
Depuis qu’il mijote ce projet, John Alleyne en a vu des ballets tirés du Songe. "Mon travail est si éloigné de toutes les autres versions. J’ai changé l’histoire, vraiment." En commençant par faire de Puck une femme séduisante. "Qu’est-ce qui arrive si on change Puck en femme? s’est-il demandé. Ça change la relation entre Puck et Obéron mais aussi celle entre Obéron et Titania." On imagine de quelle façon…
Puck est interprété par Emily Molnar, danseuse étoile de la compagnie. "C’est la plus émotive, elle fait preuve de beaucoup de sensualité, de sincérité dans ses mouvements", dit son créateur. Puck est vraiment le personnage clé du ballet. Elle fait le lien entre tous les personnages, entre les mondes réél et féérique. Et c’était justement le défi du chorégraphe de réunir les deux univers.
Si The Fearie Queen est un ballet classique dans le sens qu’on y raconte une histoire, l’approche chorégraphique est résolument contemporaine. Chacun des 14 danseurs a un rôle important à jouer. Ainsi, même dans le groupe des six fées, composé de danseurs des deux sexes, chacun a l’occasion de se démarquer.
À Québec, les rôles d’enfants seront tenus par des élèves de l’École de danse de Québec. Quant à la musique, elle sera préenregistrée. Il s’agit d’une adaptation de l’opéra d’Henry Purcell dont la trame a été reconstruite à partir des cinq sections discontinues d’origine.
Le directeur artistique du Ballet BC ressort de son aventure enchanté. "Ça a changé la façon dont je veux travailler", affirme-t-il. Si bien qu’il s’attaque maintenant à un autre classique, Ophélia.
Le 28 février
Au Grand Théâtre
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