C’est un menu entièrement composé par le directeur artistique Gradimir Pankov que les Grands Ballets Canadiens proposent à leur public, à l’approche du printemps.
Trois mouvements de Gradimir: Festin d’images est le titre du nouveau spectacle qui regroupera trois chorégraphies. Du répertoire de la compagnie, on reprend les valeurs sûres: Jardi Tancat, de l’Espagnol Nacho Duato, et Perpetuum, d’Ohad Naharin, pièce dansée sur des valses de Strauss. L’excitation de la nouveauté sera concentrée sur la présentation de L’effet papillon, chorégraphie de Shawn Hounsell, danseur aux GBC depuis cinq ans, à qui pour la première fois la compagnie a passé une vraie commande. Un extrait de L’Effet Papillon a été vu lors du spectacle Montréal mène la danse.
Pour Shawn Hounsell, qui en est à sa septième création, et qui a déjà remporté en 1997 le prix Clifford E. Lee qu’on décerne à chaque année à un nouveau chorégraphe canadien, c’est l’occasion magnifique, d’exploiter les talents de collègues et de compagnons avec qui il partage la scène depuis plusieurs années. "Ils m’ont beaucoup inspiré! Je les connais, je les côtoie; c’est une chance pour moi de travailler avec eux, de les diriger, parce que j’ai une très bonne idée de leur talent, de leur habileté. C’est vraiment intéressant, après avoir dansé avec eux, d’imaginer jusqu’où l’on peut aller ensemble."
Comme le titre le laisse supposer, L’Effet Papillon fait référence à cette théorie qui veut qu’un battement d’ailes de papillon en Amérique du Sud puisse provoquer des réactions en chaîne jusqu’à susciter une tornade aux États-Unis. "J’ai lu un livre sur cette théorie du chaos, et je me suis inspiré de cette idée de relations qui existent entre toutes les petites parties et un tout. Action, réaction, interaction entre les éléments. J’ai décidé de monter quelque chose avec neuf danseurs, six hommes et trois femmes, pour mêler neuf types d’énergies complètement différentes; et montrer comment entre elles, elles s’influencent, s’entrechoquent, évoluent."
Outre la fascinante théorie scientifique, la musique aussi, aura beaucoup inspiré le danseur-chorégraphe, qui adore la musique ancienne et l’époque baroque. "J’aime beaucoup la musique de Scarlatti. Pour moi, il y a des images associées à cette époque et j’ai voulu jouer avec ça. Nous jouons avec les costumes et les accessoire, par exemple les souliers. À cette époque, les hommes portaient des souliers avec des talons; c’était un signe de distinction, de noblesse. Aujourd’hui, un homme en talons ça n’a plus du tout le même sens! C’est pas le soulier qui a changé, mais notre perception de l’objet, et j’ai voulu aussi parler de ça, pour plus largement traiter de la tolérance et de l’ouverture d’esprit…"
Hounsell, qui a le souci du détail, a aussi choisi de privilégier la présence d’un orchestre et d’un chanteur, sur scène pour chaque spectacle. Notons la participation du contre-ténor Daniel Taylor. "Ça fait longtemps que j’aime et respecte son travail. L’avoir dans notre équipe est un privilège. Il chantera des cantates et un extrait d’Abel et Caïn de Scarlatti. Un chanteur live avec un orchestre de chambre, ça crée quelque chose d’intime, ce n’est pas anonyme comme une bande sonore. Voir un chanteur, avec des danseurs, même dans un contexte minimaliste, c’est comme l’effet papillon, ça crée l’enchaînement des petites choses, des énergies de tous."
Notons aussi que la toute dernière représentation de L’Effet Papillon se fera sous forme d’hommage à la première danseuse Andréa Boardman qui, après cette soirée, quittera les Grands Ballets Canadiens, après y avoir dansé durant 21 ans. Commentaire du chorégraphe: "Quand j’ai pris la décision de me joindre à la compagnie, c’était beaucoup pour avoir la chance de danser avec Andréa qui est époustouflante et toujours magnifique! J’ai été chanceux, on a beaucoup dansé ensemble. Elle quitte les Grands Ballets parce qu’elle veut passer à autre chose, danser ailleurs; et je suis honoré que ce soit dans ma chorégraphie qu’elle fasse ses adieux!"
Du 8 au 17 mars.
Au Théâtre Maisonneuve
De la danse au Quat’Sous
Durant le mois de mars, le petit théâtre de l’avenue des Pins s’ouvre à la danse et nous offre l’occasion de nous mettre à jour dans le travail de la chorégraphe et danseuse Estelle Clareton. Du 6 au 10, on pourra découvrir, à Montréal, Ce n’est pas de la manière qu’on se l’imagine que Claude et Jacqueline se sont rencontrés, une pièce conçue et dansée par Estelle Clareton et Wajdi Mouawad, créée en mai dernier dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Une pièce qui mêle le théâtre et la danse, qui traite de la mort du père et de la mère, mais aussi de la joie de jouer et danser, spectacle qui, dans la capitale, fut qualifié d’intrigant et lumineux.
Du 21 au 24 mars, c’est au tour de la toute nouvelle création de Clareton: un solo, intitulé Juliette, qui, cette fois traite du suicide. Absurde, humour et dérision, promet-on, pour transcender la gravité ,du sujet. Ces deux spectacles sont réunis sous le thème Collisions frontales au Théâtre de Quat’Sous.