Le Son des bancs / Parmi les oliviers : Actions démocratiques
Catharsis : une belle bande de filles qui veulent démocratiser la danse contemporaine. Elles nous parlent de leur premier spectacle professionnel.
Annik Morneau
et Sonia Racine, qui créent la plupart des pièces pour la troupe Catharsis, travaillent en tandem. Un mode de fonctionnement pour le moins inhabituel. "Souvent, dit Sonia, je vais être celle qui va trouver le fil, pourquoi on fait ça, ce qu’on veut transmettre là-dedans. Annik va plus travailler les mouvements. Moi je vais dire: "Ah! c’est bon ça. Reprends-le mais fais ça." Ça se passe surtout comme ça." Leur association remonte à leur passage au sein de Gestuel, à l’Université Laval. En 1986, elles rompent avec le milieu scolaire en fondant la troupe Catharsis.
Grâce à la qualité de son travail, la troupe a réussi à se tailler une place au sein de la petite communauté de la danse de Québec. Cette apparition à l’occasion de la série Mouvements d’intimité au studio de la Rotonde est le premier spectacle professionnel de Catharsis. Une consécration qui engendre beaucoup d’énervement. "Chaque spectacle était plus important que le précédent, mais lui l’est encore plus parce qu’on est produites par la Rotonde, estime Annik Morneau. On sent qu’il faut livrer la marchandise."
Le programme double qu’on nous propose combine deux pièces créées à six ans d’intervalle. "C’est le jour et la nuit, estime Sonia Racine. On se disait que pour l’intensité dramatique, il faudrait que la deuxième passe en premier pour finir sur un high. Mais non. On commence avec la vieille et on finit avec l’autre parce qu’elle est plus mature."
Créée en 1994, Le Son des bancs fut présentée à Lyon lors de la Biennale internationale interuniversitaire de danse. Si avec la maturité, les chorégraphes seraient tentées de nuancer certains passages, elles ont résolu de laisser la pièce à peu près intacte. "Quand on l’a faite à ce moment-là, explique Racine, on avait des raisons de la faire comme ça et elles étaient bonnes, alors pourquoi on la changerait?" La pièce aborde les contradictions de la jeunesse d’aujourd’hui pour qui tout est possible en théorie, mais beaucoup moins en pratique. Sur une musique originale de Réal Gagnon, la danse joue entre les extrêmes: liberté et contrainte, rapidité et lenteur, douceur et violence.
Parmi les oliviers, qui sera présentée en première, rompt avec la gestuelle très dynamique et les thèmes sociaux qui avaient caractérisé Catharsis depuis ses débuts. Douce et sereine, la pièce est inspirée d’un voyage en Grèce: la mer, la ferveur religieuse, le réveil d’un village avec ses habitants dans les rues et ses bateaux qui rentrent au port… "Quand on était là-bas, on n’était pas énervées, dit Racine. C’était calme, c’était doux, c’était beau. C’est ça qu’on avait envie de retransmettre ou de recréer comme ambiance"… musique des Balkans et éléments visuels colorés à l’appui.
Cette pièce, elles en ont beaucoup travaillé la gestuelle et elles espèrent que cette recherche ne les aura pas éloignées de leur objectif: produire une danse accessible. Elles ont toujours visé une démocratisation de la danse, autant pour le public que pour les interprètes. Si certaines des danseuses de Catharsis ont reçu une formation professionnelle en danse, d’autres se sont initiées à la danse au sein de la troupe. "C’est tellement diversifié que ça amène des éclairages nouveaux, considère Sonia Racine. Les corps sont différents et moi je pense que c’est bon d’en voir des grandes, des petites, des grosses, des moins grosses." Anik Morneau ajoute: "C’est ce qui fait que les gens vont se sentir plus proches."
Du 15 au 17 mars
Au studio de la Rotonde
Voir calendrier Danse