Marie-Josée Chartier : Féminin pluriel
Scène

Marie-Josée Chartier : Féminin pluriel

Dans le cadre de sa série Sa Geste, Tangente présente un spectacle de MARIE-JOSÉE CHARTIER, une Québécoise exilée à Toronto qui fait sa première excursion chorégraphique en terre montréalaise.

Nul n’est prophète en son pays. La réputation de la Québécoise Marie-Josée Chartier n’est plus à faire à Toronto. Interprète pendant neuf ans au sein de la compagnie Dancemakers, elle a dansé pour la crème des chorégraphes torontois comme Peggy Baker, Serge Bennathan et Christopher House. En tant que chorégraphe, elle a créé pour le Toronto Dance Theatre, Yvonne Ng, Benoît Lachambre et, bientôt, pour les Torontois Allan et Karen Kaeja. Ce week-end, on pourra applaudir à Tangente sa création solo: Sous nos yeux. Il s’agira ici de sa première excursion chorégraphique en terre montréalaise. En 22 ans de métier, il était plus que temps!

Autre bonne raison d’assister à cette soirée consacrée aux artistes féminines: Tangente invite pour la première fois un chorégraphe masculin, en l’occurrence Alain Francoeur, à se produire dans le cadre de sa série Sa Geste. Celui-ci signe un court solo pour l’intense Sarah Williams.

"J’ai quitté Montréal voilà 18 ans, raconte Marie-Josée Chartier, jointe au téléphone à Toronto, le week-end dernier. À l’époque, je fréquentais Louise Bédard, Paul-André Fortier, les membres du groupe Nouvelle Aire. Comme j’avais envie d’autre chose, je suis allée suivre des stages de danse à New York et à Toronto. Je ne devais y rester que quelques semaines. Finalement, les semaines sont devenues des mois, puis des années."

La jeune femme a beaucoup travaillé, voyagé au Canada et en Europe, et rencontré l’homme de sa vie, le compositeur Michael J. Baker. Elle a vécu avec lui 17 années de bonheur jusqu’à ce que la leucémie emporte son conjoint, l’automne dernier. "Quand j’ai appris qu’il n’en avait que pour quelques mois, j’ai mis fin à toutes mes activités professionnelles. Depuis son départ, j’ai repris peu à peu mes projets. Je suis rentrée en studio en janvier seulement. C’est très dur de travailler sans le support de Michael, il était mon meilleur critique…"

Sous nos yeux s’inspire de tragédies devant lesquelles nous restons impuissants. "Il fallait que je me donne une chance de m’aventurer dans l’inconnu. Habituellement, je crée à partir d’un concept, souvent une installation visuelle. Cette fois-ci, j’ai préféré suivre mes impulsions en misant notamment sur les éclairages de Jan Koma’rek ", dit celle qui admire la recherche chorégraphique de Louise Bédard, Marie Chouinard, Paul-André Fortier et Jean-Pierre Perreault. "Ce n’est pas une comédie musicale, reconnaît-elle en souriant. Malgré tout, c’est un solo dynamique qui contraste avec mon travail habituellement sculptural."

Souhaite-t-elle montrer davantage son travail dans sa ville natale? "Bien sûr ; mais ce n’est pas évident: il y a si peu de diffuseurs et tellement de chorégraphes montréalais. Et puis, Toronto se montre plus curieuse de la danse montréalaise que Montréal vis-à-vis de Toronto. Si je quittais cette ville, je risquerais de perdre la reconnaissance acquise au fil des années. Et, pour tout dire, je n’aime pas repartir à zéro…"

Du 8 au 11 mars
À Tangente