Estelle Clareton : Merci la vie
Estelle Clareton rêve du jour où tous les théâtres montréalais prêteront, pendant leurs semaines de relâche, leur scène comme lieu de création aux jeunes artisans de la danse.
Estelle Clareton rêve du jour où tous les théâtres montréalais prêteront, pendant leurs semaines de relâche, leur scène comme lieu de création aux jeunes artisans de la danse. Alors imaginez son bonheur lorsque le directeur artistique du Théâtre de Quat’Sous, Wajdi Mouawad, lui a proposé d’inaugurer sa nouvelle série, Collision frontale, où il invite le public du théâtre à découvrir le travail de jeunes chorégraphes. "Cette année, je n’ai eu aucune subvention, raconte la jeune femme. Pour la création solo Juliette que je présente la semaine prochaine, c’est moi qui ai conçu la bande sonore et les costumes. Heureusement que je danse ces temps-ci pour Jean-Pierre Perreault, car cet engagement me permet de payer les à-côtés de la production."
Estelle Clareton fait son entrée au théâtre de l’avenue des Pins deux fois plutôt qu’une. Voilà quelques jours, elle y livrait un duo charmant conçu en collaboration avec Wajdi Mouawad. Ce n’est pas de la manière qu’on se l’imagine que Claude et Jacqueline se sont rencontrés porte sur l’exil et le deuil. Un beau défi pour le metteur en scène, qui doit faire sienne la gestuelle, et pour la danseuse qui doit, elle, s’approprier le pouvoir de la parole. Pour la jeune femme amoureuse du cinéma de Truffaut et des textes d’Ionesco, ce fut le moment idéal de faire valoir son talent de comédienne. "J’ai réalisé le fait qu’établir des liens dramatiques constitue un travail de fourmi. Comment raconter une l’histoire en mouvement sans que cela ne devienne du mime?"
Pendant la création de Juliette, la jeune femme a inventé pêle-mêle des séquences chorégraphiques. Puis, elle a demandé à sa complice Marie-Josée Gauthier d’y faire le ménage. "Wajdi a joué un rôle de conseiller artistique. Il m’a aidée à approfondir mon propos." Un propos pas très jojo puisqu’il aborde le vide existentiel. Qu’on se rassure, celle qui aime manier les ficelles de l’absurdité a la ferme intention de nous étonner. "Je voulais répondre à la question: est-ce que la vie vaut la peine d’être vécue? Bien sûr, qu’elle vaut la peine", dit-elle avec un beau sourire.
En comparaison avec le duo Claude et Jacqueline, la danse prend dans Juliette beaucoup de place. La seule inquiétude qui trotte à l’esprit de la chorégraphe-interprète : sera-t-elle en mesure de maintenir seule sur scène l’intérêt du spectateur? "L’offre de Wajdi m’a permis de me sentir très libre. Le fait de ne pas avoir de subventions comporte au moins un avantage: celui de ne rendre de comptes à personne…"
Du 21 au 24 mars
Au Théâtre de Quat’Sous
Danse-impro à l’Usine C
Plusieurs chorégraphes-interprètes emploient des techniques d’impro dans leur travail. Pour se faire plaisir et présenter une technique méconnue, Andrew de L. Harwood, Tom Casey, Deborah Dunn, Lin Snelling, Pamela Newell, Benoît Lachambre, Bob Bergner et Wilson Blakley forment le collectif The Improvisational Movement Fund. Pour une deuxième année consécutive, ils livreront trois soirées complètes de danse improvisée. Une performance qui s’annonce inégale (le propre de l’impro) mais qui sera sans doute ponctuée de moments d’authenticité extraordinaires (autre trait de l’impro).
Du 15 au 17 mars
À l’Usine C