Lola Dance : Tour de ville
La chorégraphe Lola MacLaughlin s’est inspirée de quatre villes d’Europe pour créer de quatre solos différents, et évoquer l’éternel féminin.
Lola MacLaughlin se souvient d’être venue danser à Montréal, en solo, il y a une dizaine d’années, dans la cadre du Festival International de Nouvelle Danse. Occupée depuis, à développer sa compagnie, Lola Dance, la chorégraphe de Vancouver n’a pu trouver le temps d’organiser une tournée au Québec. C’est avec un enthousiasme non feint, communicatif même par téléphone, qu’elle parle de son retour chez nous.
"Nous sommes tous très excités à l’idée de venir à Montréal! Nous avons hâte de rencontrer votre public, et si possible, de provoquer un dialogue avec lui!" annonce MacLaughlin, qui a choisi de rétablir le contact avec Four Solos/Four cities, créé en 1999, lequel, après avoir été présenté à Vancouver, Halifax, Edmonton, Toronto et Lennoxville, clôturera ici sa tournée canadienne.
Ce spectacle, dont la critique a déjà vanté le sens de l’humour, celui de la métaphore, la signature originale et la virtuosité, a ceci d’amusant et d’intrigant qu’il est constitué de quatre solos différents, inspirés par quatre villes d’Europe. Des villes habitées ou visitées par la chorégraphe, qui s’est beaucoup promenée de festival en festival, et qui s’est laissé pénétrer par l’esprit de chacune d’entre elles.
Chaque ville a sa danseuse. Pourquoi avoir choisi des femmes pour les évoquer? "Je suis convaincue que la plupart des villes sont femelles. J’ai sélectionné chaque danseuse en fonction de cette sensibilité. Chaque solo est donc absolument différent des autres. Et c’est cette différence qui fait le lien d’un univers à l’autre."
Quels sont les mondes qui ont séduit MacLaughlin? "Il y a d’abord Venise, qui pour moi est une ville délicate. Pour son histoire bien sûr, son architecture qui me fait penser à des gâteaux de noces, et la présence de l’eau… J’y suis allée en hiver, sans les touristes, et j’ai été totalement séduite. C’est magique! Il y a Berlin aussi, que je connais bien pour y avoir vécu et étudié, une ville intellectuelle, chargée d’histoire mais farouchement moderne. Toute son activité artistique me séduit, mais aussi son aspect gris et industriel. Et puis, il y a Vienne, une ville classique, conservatrice et de bon goût. Peut-être morbide à certains égards…", laisse entendre la chorégraphe, en forme d’interrogation. "Enfin, j’ai choisi de me pencher aussi sur le cas de Bruxelles, qui me fascine par ses racines flamandes. J’y vois le mouvement et l’émotion."
De quelle façon, ces fortes impressions prennent-elles forme sur scène, à travers les quatre interprètes? Il semble qu’on assiste à un croisement entre les personnalités des villes et celles des danseuses. "Andrea Gunnlaugson qui danse Venise, est très grande, très impressionnante avec les chaussures à semelles énormes que je lui fais porter. Avec son joli tutu délicat, ça fait contraste, comme Venise, légère et solide. Jennifer Murray (Berlin) est la plus jeune de la troupe. Elle possède toute la fougue de son âge, c’est une fille branchée, techno. Sa danse est très saccadée, électrique. Hope Terry (Vienne) est une artiste formidable, de grande classe et de profonde expérience, sophistiquée. Quant à Susan Elliott, qui incarne Bruxelles, elle est très forte en danse acrobatique et en improvisation, elle est à la fois sauvage et solide…"
Lola MacLaughlin, qui a été formée en arts plastiques, en histoire et en cinéma, est reconnue, dans l’ensemble de son travail (une dizaine de chorégraphies en une quinzaine d’années), pour le soin qu’elle met à créer des liens entre ces disciplines. "Il y a l’histoire de ces villes, dont j’essaie de m’imprégner. Les arts plastiques, d’une certaine façon, avec les costumes que je m’amuse à concevoir sans retenue; les éclairages, que je crée; et puis, il y a aussi les projections que j’inclus dans les solos. Des images pour évoquer l’essence de ce que j’ai ressenti dans chaque ville. En essayant de dépasser les clichés de cartes postales. En fait, il n’y a que le filon cinéma, ici, que je n’ai pas désiré exploiter."
Et Paris, elle ne figure pas au programme de cet itinéraire particulier? "J’adore cette ville mais je la trouve trop complexe! N’êtes-vous pas de mon avis?" demande la chorégraphe dans un éclat de rire! "Ç’aurait été bien trop difficile", admet MacLaughlin sans fausse modestie.
En attendant de prendre part à ce tour guidé pas comme les autres, on peut s’amuser à se demander ce que Montréal inspirera à MacLaughlin…
Du 22 au 24 mars 2001
Au Studio de l’Agora de la danse