clowns de théâtre : Mammouth et Maggie
Mammouth et Maggie présente des "clowns de théâtre". Bien loin de n’être que bouffon, le spectacle joue, en poésie, absurde, imagination et doux-amer, la vie d’un couple, et les tristesses de la condition humaine. Car si on rit souvent devant les discussions et feintes des deux personnages, l’ensemble plonge en pleine réflexion existentielle
Mammouth et Maggie présente des "clowns de théâtre". Bien loin de n’être que bouffon, le spectacle joue, en poésie, absurde, imagination et doux-amer, la vie d’un couple, et les tristesses de la condition humaine. Car si on rit souvent devant les discussions et feintes des deux personnages, l’ensemble plonge en pleine réflexion existentielle.
Plateau nu, quelques accessoires, deux clowns à l’imagination vive et aux couleurs passées: on pense aux Gogo et Didi de Beckett. Cette fois, ils ont pour nom Mammouth et Maggie: amis, amoureux.
La pièce s’ouvre sur un désir de partir: celui de Mammouth, quittant Maggie. De question en discussion, le départ est retardé, reporté, oublié. Momentanément, car ce désir de l’ailleurs, là où tout rêve serait réalisé, revient constamment chez Mammouth. À son besoin de fuite, de dépaysement, Maggie répond par la sécurité de l’amour. De son côté elle attend l’aveu tout simple de Mammouth, aussi improbable que le rêve de son compagnon… Le temps passe: on retrouve Mammouth et Maggie, âgés, flétris, toujours obsédés des mêmes pensées, toujours animés des mêmes désirs.
Sur le fil tendu entre drôle et dramatique, Mammouth et Maggie s’agitent. Se font face, fuient, se poursuivent; inventent, discutent, rient; se regardent, dansent, se taisent. Et finalement peignent, devant nous, une bien simple image de la condition humaine. Ce qu’on fait: "je me lève, je me lave, je mange, je travaille, je me couche"; ce qu’on aimerait faire: partir, être aimé; avec comme résultat, bien souvent, le cafard.
Voyageant sur les émotions et les images, la pièce repose sur le jeu des comédiens, Véronika Makdissi-Warren et Jacques Laroche, qui font éventail d’un talent étonnant. Avec énergie et sensibilité, fraîcheur et complicité, ils évoquent finement les divers états de leur personnage. Pascal Robitaille, musicien, accompagne brillamment leur parcours, de bruits tour à tour ponctuant, suggérant, colorant l’action.
Malgré la qualité du jeu et de la mise en scène (Marc Doré), le texte semble parfois s’éparpiller, ou devenir un peu redondant. Même si l’éparpillement participe presque de l’esthétique du spectacle, le texte gagnerait à être un peu épuré, pour éviter quelques passages affaiblissant le propos, tout en gardant cette impression de foisonnement: un assemblage de petits riens, qui au bout du compte font une existence.
Comment quitter l’autre?; comment rester sans le trahir? La réponse de Mammouth et Maggie est un peu triste. Et renvoie chacun à ses propres interrogations sur cette grande bouffonnerie qu’est parfois la vie, avec ses espoirs, ses ratés, ses faux-départs et ses vrais chagrins.
Jusqu’au 7 avril
Au Théâtre Périscope