L’Ancien Quartier : En pièces détachées
Dans L’Ancien Quartier, le dramaturge américain dépeint dans un style vif et tranchant la petite vie et les angoisses existentielles qu’elle comporte…
Pour son baptême professionnel, le Théâtre ni plus ni moins a eu l’heureuse initiative de s’attaquer à la prose explosive de l’auteur de Glengarry Glen Ross. Au fil des répliques banales et des situations anodines, David Mamet mène le spectateur au coeur de drames qui posent à leur façon la question qui hantait Tchekhov: "Quel sens tout cela a-t-il?" Dans L’Ancien Quartier, le dramaturge américain dépeint dans un style vif et tranchant la petite vie et les angoisses existentielles qu’elle comporte…
Bien que L’Ancien Quartier ne soit pas une pièce majeure de Mamet, il s’agit d’une oeuvre poignante, en trois scènes indépendantes, écrite dans un style brut, voire brutal, qui met en lumière l’incommunicabilité entre les êtres. Le coeur tordu par une rupture amoureuse, Bobby Gould (François Létourneau) retourne dans son ancien quartier de Chicago. Dans la première scène, La Disparition des juifs, il échange des souvenirs avec un ami d’enfance (Frédéric Blanchette). Une entrée en matière un peu laborieuse; difficile, en effet, de croire aux juifs américains, pleurant leurs mariages ratés et le déclin du pouvoir juif, qu’incarnent les deux (trop) jeunes acteurs qui ponctuent leur dialogue de "criss que t’es plein de merde!" et autres expressions bien d’ici…
La pièce prend son envol avec la deuxième scène, Jolly. Kathleen Fortin campe avec finesse une femme meurtrie par son enfance, qui se console auprès d’un époux d’une grande bonté (David Laferrière). Deeny clôt le spectacle avec un touchant souper au resto durant lequel une ancienne flamme de Bobby (Catherine-Anne Toupin) émet, entre deux banalités, de troublantes réflexions sur la recherche du bonheur.
L’Ancien Quartier est construit comme une partition musicale dont il faut respecter le rythme syncopé. Le manque d’expérience et de recul du metteur en scène Frédéric Blanchette, qui a traduit le texte et joue dans le show, explique probablement qu’il n’y soit qu’en partie parvenu. Mais qu’importe, les membres du Théâtre ni plus ni moins ont brisé la glace avec cette courte, modeste et intelligente production, qui nous ramène à l’essentiel. Bien joué!
Les 25 et 26 mars
À la Petite Licorne