Federico Garcia Lorca : Yerma
Scène

Federico Garcia Lorca : Yerma

Il se dégage une grande vigueur de la tragédie poétique Yerma de Federico Garcia Lorca, mise en scène par Reynald Robinson.

Il se dégage une grande vigueur de la tragédie poétique Yerma de Federico Garcia Lorca, mise en scène par Reynald Robinson.

À travers le flamenco, les battements de mains, les regards intenses et le maintien fier des interprètes, on retrouve le duende espagnol: expression de la force intérieure, fougue et dignité jusque dans la souffrance. À travers les costumes (Catherine Higgins) aussi, faits de tissus chatoyants, en noir et palette de rouges, du clair au sombre, de l’orange au violet, et les cheveux dénoués des comédiennes.

Duende à travers le texte, surtout, qui raconte l’histoire de Yerma, jeune femme obsédée par l’idée d’avoir un enfant, dévorée par le chagrin de ses vaines tentatives, aiguillonnée par le désir d’y parvenir. Texte qu’on imagine incendiaire en 1934: plein de sensualité, évoquant poliment l’amour charnel – beaucoup plus crûment, semble-t-il, dans la version espagnole -, rempli aussi de contestation: des ragots et du poids des conventions étouffantes, de la religion et de ses faux-semblants, du pouvoir abusif et desséchant exercé ici sur la femme et, par métaphore, sur tout le peuple espagnol de l’époque. La réaction fut, au moment de la création, violente, et profondément marquante. Pavant presque la voie, confiait Reynald Robinson en entrevue, à la guerre civile. On n’en doute pas.

Les jeunes interprètes, d’une beauté sombre, sont convaincants et sensibles, Anne-Marie Olivier, notamment, lumineuse dans le rôle de Maria. Nadine Meloche et Serge Bonin, incarnant Yerma et son mari, semblent un peu engoncés, surtout en début de pièce, dans des moeurs qui leur sont inconnues. Serge Bonin prend de l’aisance à mesure qu’avance la pièce; et si Nadine Meloche devient touchante en deuxième partie, on regrette que son interprétation mise, souvent, davantage sur la projection de la voix que sur les nuances de l’émotion et l’intériorité de la douleur que semblerait demander le drame profond de son personnage.

Aux interprètes s’ajoute la danseuse Pascale Roy qui, en plus d’un petit rôle et d’un morceau dansé particulièrement intense, a chorégraphié plusieurs mouvements d’ensemble. Son travail et sa présence insufflent une grande énergie à la pièce, appuyée par celle des comédiens et du percussionniste Bob Benson.

Jusqu’au 21 avril
Au Théâtre de la Bordée