Martin Bélanger : Époque épique
Jusqu’à dimanche, MARTIN BÉLANGER présente à Tangente sa cinquième création: L’Ère des ténèbres. Une danse ambitieuse portant sur l’évolution de l’humanité et qui met en scène 15 danseurs.
Martin Bélanger est arrivé à la danse par la porte arrière. Formé en art dramatique, le frêle jeune homme à la chevelure argentée s’est découvert des affinités avec sa future passion via le mime. Ça tombait bien, car ce qu’il appelle "la fatalité du casting" ne lui convenait pas du tout. "Je me sentais à l’étroit dans la composition des personnages. Souvent, on t’engage plus parce que tu as la gueule du personnage que pour ton talent."
Malgré son attirance et un talent certain pour l’art du mouvement, il s’est longtemps senti comme un imposteur parmi ses collègues de danse à l’Université du Québec à Montréal. "Je n’avais pas de formation en danse classique ou contemporaine. Je faisais ma petite affaire avec l’impression d’être un chien dans un jeu de quilles."
Quoi qu’il en pense, la directrice artistique de Tangente, Dena Davida, note l’originalité de son travail chorégraphique lors de l’événement Danses buissonnières. En 1996, elle l’invite à se produire dans son théâtre destiné à la jeune relève chorégraphique, et cela, avant même la fin de son baccalauréat en danse. Une rareté, paraît-il. "Seule Manon Oligny avait réussi un tel exploit", se souvient celui qui a reçu la bourse d’excellence William-Douglas à la fin de ses études.
Depuis, le chorégraphe de 30 ans signe une oeuvre originale à Tangente, année après année. Dès ce soir, et jusqu’à dimanche, il présentera sa cinquième création, L’Ère des ténèbres. Une danse ambitieuse qui porte sur l’évolution de l’humanité et qui met en scène une quinzaine de danseurs dont Benoît Lachambre, Line Nault, Anne-Marie Boisvert et lui-même. "Au début, j’appartenais à la catégorie des puristes, je n’en avais que pour la danse formelle. Puis, petit à petit, j’ai introduit la notion de performance dans mon travail."
Difficile de décrire le travail de Martin Bélanger. Le chorégraphe lui-même y parvient avec peine. Selon lui, on y retrouve des traces théâtrales, une gestuelle tricotée serré et beaucoup de performance, qui ne serait ni de la danse ni du théâtre. "Je suis obsédé par la gestuelle. Elle doit évoquer le plus de choses possible", dit-il. Il ajoute que ses atmosphères évoquent le climat anarchique, poétique ou encore ironique de Benoît Lachambre, pour lequel il a dansé nu dans Confort et complaisance. "J’aime devenir une page blanche pour un créateur. Quand je danse, je n’ai plus à me casser la tête. Cela dit, je n’ai pas tant que ça l’instinct d’interprète."
Chose certaine, malgré leurs propos sérieux, les spectacles de Martin Bélanger nous rendent de bonne humeur. "C’est plus fort que moi, j’ai un côté stand-up comic. J’aime qu’on rigole dans mes spectacles, car c’est de cette façon que je réussis à établir un lien de confiance avec le public, à me rapprocher de lui."
Le chorégraphe en a assez dit pour qu’on ait envie de voir de plus près de quoi retourne son oeuvre "épique". "Un spectateur m’a déjà confié, à propos d’un de mes personnages, que celui-ci avait quelque chose de biblique. J’avais bien aimé sa description, car il avait trouvé sa propre poésie dans ce que je lui avais suggéré…"
Du 5 au 8 avril
À Tangente