Nathalie Claude : Objectif lune
Scène

Nathalie Claude : Objectif lune

En 15 ans de carrière, Nathalie Claude n’a jamais chômé.

En 15 ans de carrière, Nathalie Claude n’a jamais chômé. "Je suis une touche-à-tout. J’ai commencé jeune et j’ai eu la chance de ne pas arrêter, explique-t-elle. Mes aptitudes en danse et en théâtre ont décuplé mes occasions de travailler." La comédienne a collaboré avec un nombre impressionnant de compagnies, de Carbone 14 à Omnibus, en passant par Pigeons International, le Théâtre Il va sans dire et Momentum, en plus de faire des incursions sur le petit et le grand écran. Aujourd’hui, l’interprète croit le moment venu de mettre son expérience à profit. Les astres se seraient enfin alignés pour lui permettre de concevoir un show bien à elle…

La lune, plus particulièrement, a exercé son attraction, au point de jouer un rôle central dans sa première création théâtrale, Les Filles de Séléné. "Ce spectacle, c’est un voyage organisé à travers l’âme de la femelle terrienne, à travers mille années d’extase et de joie, de torture et de plaisir. Il y est beaucoup question de l’influence de la lune sur les femmes dans la mythologie." Petite fille, Nathalie Claude a appris de sa mère comment regarder la lune. Aujourd’hui, à son tour de faire découvrir à ses filles de scène (Denise Boulanger, Deborah Dunn, Miriam Ginestier, Dominique Leduc, Suzanne Lemoine, Tonja Livingstone et Nathalie Valiquette) la face cachée de l’astre céleste.

Fascinée par Séléné, déesse de la lune dans la mythologie grecque, Nathalie Claude a imaginé huit personnages féminins ayant marqué la petite et la grande histoire. Leurs chemins se croiseront au clair de la lune. Il y a une reine élisabéthaine, un mannequin déchu, une astronaute, une servante hollandaise du 17e siècle, une danseuse du Moulin-Rouge, une infirmière de guerre, une beauté raphaélique et Jeanne D’arc. "Je voulais représenter toutes les facettes de l’image de la femme dans la société. Ainsi, je peux parler de la condition des femmes au cours du dernier millénaire."

Ce show de filles, "féministe mais plein d’humour", a vu le jour dans le cadre des Douze messes de Momentum, célébrées en 1999. Il a été joué au Collège Rachel quatre soirs seulement, avec une distribution légèrement différente (Lin Snelling et Rolline Laporte ont été remplacées par Deborah Dunn et Nathalie Valiquette). Cette fois, les filles de Séléné danseront à la Chapelle du Collège de Montréal. "Ce lieu respire le passé. Il offre un rapport intéressant avec le christianisme, qui, on le sait, a été notre lourdeur. Les femmes mises en scène sont issues de cela, mais elles s’en sont libérées et se réapproprient l’espace pour une soirée." Le temps de célébrer un sabbat sans paroles, rythmé par la musique techno minimaliste de Stéphane Claude…

Les huit interprètes se produiront un peu partout dans la Chapelle; au spectateur de choisir où porter son regard. "J’ai opté pour des comédiennes et des danseuses capables d’improviser et habiles physiquement. Elles seront partout dans l’espace." Nathalie Claude ajoute qu’elles se transformeront sous nos yeux, un peu comme des poupées russes.

Adapté à cette chapelle historique, le show sera remanié avant d’être présenté dans une église de Washington Square, l’automne prochain, dans le cadre de l’événement l’Automne du Québec à New York. Cette virée aux States enchante Nathalie Claude même si, pour l’instant, ce qui se passera l’automne prochain à New York la préoccupe beaucoup moins que ce qui est prévu pour ce printemps, à Montréal…

Il faut dire que la jeune femme a un horaire (sur)chargé. En plus de répéter son rôle de femme des cavernes – et de tendre moitié de Julien Poulin! – dans la prochaine création de Dominic Champagne, elle besogne en tête-à-tête avec chacune de ses "filles". Un travail exigeant, mais auquel elle prend goût.

"J’ai présenté un spectacle solo il y a deux ans (L’Effoirée lumineuse), mais c’est la première fois que je dirige d’autres interprètes, en plus de moi-même! C’est un véritable cadeau de les voir travailler. C’est fantastique d’avoir ce regard sur elles. J’assiste à de véritables moments de grâce. Et ça me donne envie de continuer dans la mise en scène…"

Du 5 au 14 avril
À la Chapelle du Collège de Montréal