

Normand Daneau : La comédie humaine
Vous le connaissez sans doute pour son attachant Vincent, dans La Vie, la vie. Mais Normand Daneau est aussi un homme de théâtre.
Luc Boulanger
Vous le connaissez sans doute pour son attachant Vincent, dans La Vie, la vie. Mais Normand Daneau est aussi un homme de théâtre. Comédien – il a tourné durant huit ans avec les spectacles de Robert Lepage -, metteur en scène d’une demi-douzaine de créations à Québec, et codirecteur, avec Marie-Christine Lê-Huu, du Théâtre Les Moutons Noirs, fondé en 1992 à Québec.
La compagnie, établie à Montréal depuis peu, présente sa première création dans la métropole: Les Disparus, de Marie-Christine Lê-Huu, dès le 11 avril, au Théâtre La Chapelle. Normand Daneau dirigera les comédiens Emmanuel Bilodeau, Roxanne Boulianne, Richard Fréchette, Gérald Gagnon et Kevin McCoy.
"Pour moi, la mise en scène, c’est 10 fois plus stressant que de jouer. Car tout le poids d’un show repose sur les épaules du metteur en scène. Il doit sécuriser les acteurs, donner le rythme du spectacle, offrir son point de vue, sa lecture d’une oeuvre, justifier ses choix… Mais je suis moins stressé aujourd’hui. Avant, je signais des spectacles multimédias. Je supervisais une grosse machine technique. Maintenant, je préfère me concentrer sur le jeu. La direction d’acteurs, c’est ce que je préfère. Et c’est aussi très technique, la direction d’acteurs. Parfois, c’est dans un détail, un geste, que le comédien trouve l’explication à une réplique. C’est la raison pour laquelle, j’explique toujours pourquoi je demande telle chose à un comédien. Et si j’en ignore la raison, je lui avoue humblement que je ne le sais pas…"
Normand Daneau affirme aimer travailler dans le plaisir, mais cela ne l’empêche pas d’avoir de sombres préoccupations. "Je suis obsédé par la mort. Et je ne suis pas le seul. On n’a qu’à ouvrir la télévision: tous les jours la télé diffuse des dizaines d’images morbides. La mort est partout: sur les paquets de cigarettes, et même dans nos assiettes, avec le phénomène de la malbouffe."
Pas surprenant, donc, que les créations des Moutons Noirs, de Thanatos à Ceci n’est pas une morte, mettent en scène la Grande Faucheuse. "C’est notre principal thème, reconnaît le metteur en scène. Mais il est souvent traité avec humour. Marie-Christine et moi, sommes très influencés par le roman noir américain (Truman Capote et, surtout, Don DeLillo). Deux auteurs qui parlent beaucoup de la mort."
Toutefois, Les Disparus aborde essentiellement le thème de l’égocentrisme qui ronge les individus en ce début de siècle. "C’est un show sur la cruauté, explique Normand Daneau. Selon moi, l’égocentrisme nous empêche de voir la souffrance des autres parce que l’être égocentrique est trop centré sur ses propres bibittes. Et cela donne souvent des individus très cruels, qui refusent d’écouter le discours de l’autre pour ne pas se remettre en question. Le but des égocentriques, c’est souvent de démolir l’autre. C’est là qu’ils trouvent leur force."
À travers une demi-douzaine de personnages contemporains assez cyniques, Les Disparus met en lumière les rapports de force qui s’établissent dans les relations humaines. "Toutefois, ça reste une comédie symptomatique d’une réalité; pas un show réaliste, dit Daneau. Les Disparus se veut une réflexion humoristique sur l’égocentrisme et la cruauté. L’auteure a mis une loupe sur des travers du comportement humain. Au fond, depuis Molière, la comédie sert à ça : nous faire rire de la bêtise humaine."
Du 11 au 21 avril
Au Théâtre La Chapelle