La Mort d'un commis voyageur : Pièce maîtresse
Scène

La Mort d’un commis voyageur : Pièce maîtresse

Il est des pièces marquantes dans un répertoire. C’est le cas de La Mort d’un commis voyageur, grand texte de la dramaturgie américaine, étape aussi pour la Compagnie Jean Duceppe, qui en présente sa quatrième production en  tournée.

De la pièce d’Arthur Miller créée en 1949, chacun connaît le personnage principal, Willy Loman qui, déçu, fatigué, fait le bilan de sa vie et refuse d’en accepter l’échec. Mais que sait-on de Linda, son épouse? France Castel, qui l’incarne aux côtés de Michel Dumont, dans une mise en scène de Monique Duceppe, présente ce personnage qui, au premier abord, lui ressemble bien peu.

"Linda, c’est une femme plutôt soumise, à cause de l’époque, à cause aussi de la situation d’urgence dans laquelle elle se trouve face à son mari, qui est dans un état de crise épouvantable. Elle va préférer supporter son mari plutôt que ses enfants; moi, personnellement, je trouve ça un peu dur. C’est une femme courageuse, qui connaît chaque pensée de son mari, qui sait dans quel état de détresse il se trouve. Elle va le protéger, le surprotéger; et cela ne le fait pas avancer. C’est quelque chose que je trouve un petit peu aliénant; mais en même temps, c’est une femme intègre, très droite, qui sait dire les choses quand il le faut."

Jouer un personnage avec lequel on est parfois en désaccord demande une grande humilité. "Ça prend vraiment une totale soumission au personnage; c’est lui qui décide et si on lâche prise, il va gagner." Ce qui suscite, à l’évidence, bien des questions. "J’en suis encore à me débattre avec le personnage, explique la comédienne. Pour jouer ce rôle, j’ai dû penser aux femmes de l’époque. C’est assez loin de moi, mais en même temps assez près de moi pour y visiter quelque chose d’insoupçonné et d’intéressant à regarder. On porte ces choses-là, même si on a aujourd’hui des vies totalement différentes. Rationnellement, je ne suis pas d’accord avec certains choix de Linda, par rapport à ses enfants et à la prise de conscience de Willy; mais quand je joue, je suis complètement avec elle. Je me demande comment j’aurais réagi, moi, dans une telle situation, à cette époque, et même maintenant. C’est assez troublant: quand faut-il dire quelque chose, quand faut-il protéger et laisser l’autre faire son chemin?"

Plusieurs artistes de la production, dont Michel Dumont et Monique Duceppe, ont déjà travaillé à cette pièce. "On sent chez eux un rapport sentimental à la pièce, à cause, entre autres, de la compagnie et de la famille Duceppe." L’émotion, semble-t-il, est contagieuse. "C’est curieux, observe France Castel: chaque soir, on a presque l’impression de jouer un show rock: la réponse du public est instantanée. C’est vraiment touchant de voir ça."

Les 17 et 18 avril
À la salle Albert-Rousseau
Voir calendrier Théâtre