Lumière espace temps : Danse pour tous
Le dernier spectacle des Ballets Jazz de Montréal ratisse large. Présenté à l’Espace Go, Lumière espace temps comporte cinq courtes performances, différentes les unes des autres, et signées par des chorégraphes montants de ballet jazz ou de néoclassique.
En divisant d’une façon dynamique la représentation de Lumière espace temps, les Ballets Jazz de Montréal rallient le grand public sans se mettre à dos les puristes. Ce spectacle frappe d’autant plus dans le mille que les chorégraphies sont à peu de chose près d’égale qualité.
N’empêche que certaines pièces se démarquent par la netteté de leurs lignes chorégraphiques, comme Lulling High et Floating World. Originaire du Lac-Saint-Jean, Dominique Dumais chorégraphie depuis près d’une dizaine d’années pour le Ballet national du Canada, notamment. Elle signe ici sa deuxième pièce pour le compte des Ballets Jazz de Montréal. Jeune couple en dérive évoluant dans des atmosphères soignées, Lulling High séduit tant par ses mouvements racés que par la musique enveloppante du compositeur Michel Cusson. Cette courte pièce fera partie de la prochaine oeuvre de Dominique Dumais, qui sera présentée l’année prochaine aux Ballets Jazz de Montréal. Ça augure bien!
Le parcours de Nicolo Fonte ressemble à celui de Dominique Dumais. Ex-danseur des Grands Ballets Canadiens, cet Américain, né à Brooklyn, danse et chorégraphie depuis quelques années pour l’Espagnol Nacho Duato. Floating World évoque un univers onirique dans lequel des couples s’enlacent sur un rythme rapide. Comme pour Lulling High, le choix musical (Giovanni Sollima et The Bill Frisell Band) intensifie le plaisir du spectateur.
En entrevue, le directeur artistique Louis Robitaille ne cachait pas son enthousiasme pour les oeuvres de la Canadienne Crystal Pite et du Français Patrick Delcroix. C’est vrai que l’originalité du travail de la chorégraphe originaire de Vancouver a de quoi surprendre. Sur des airs folkloriques, une jeune femme se démène comme un diable dans l’eau bénite pour attirer l’attention d’un mystérieux personnage (incarné par Louis Robitaille, qui fait ici sa seule apparition sur scène). Ses mouvements saccadés rappellent ceux d’une marionnette. Cependant, l’emploi théâtral du protagoniste masculin nous donne l’impression que la pièce mêle deux styles qui ont de la difficulté à se fondre l’un dans l’autre.
Par ailleurs, le tableau d’ouverture de la chorégraphie de Patrick Delcroix attire l’attention. Des hommes suspendus dans d’immenses draps blancs se défont tranquillement de leurs cocons. Au-dessus d’eux, des danseuses musiciennes battent le rythme sur des instruments à percussion. Pièce portant sur l’évolution de l’homme, Sous le rythme, je… présente une danse sensible qui manque parfois de tonus.
Enfin, la soirée se termine avec la reprise du succès de l’an dernier des Ballets Jazz de Montréal. No Strings Attached demeure toujours aussi malicieuse. Sans comparaison avec les oeuvres précédentes, la pièce de l’Américaine Mia Michaels se révèle un clin d’oeil à la musique et à la danse de la rue.
Jusqu’au 15 avril
À l’Espace Go