Catherine Tardif : Union libre
Scène

Catherine Tardif : Union libre

Vouloir renouveler les balises de la création, c’est le propre d’un tas d’artistes. La chorégraphe Catherine Tardif ne fait pas exception à la règle, même si elle avoue sans détour faire la même pièce depuis 20 ans.

Vouloir renouveler les balises de la création, c’est le propre d’un tas d’artistes. La chorégraphe Catherine Tardif ne fait pas exception à la règle, même si elle avoue sans détour faire la même pièce depuis 20 ans. "Je suis fascinée par la déviance, le petit glissement qui donne le vertige. C’est comme faire un rêve à l’envers; je cherche une image capable de susciter l’émotion. Si cette image me touche, elle va toucher le public."

Chorégraphe depuis une dizaine d’années, Catherine Tardif est une fidèle invitée de Danse-Cité et l’une des artistes en danse les plus intéressantes de sa génération. Dans quelques jours, la jeune femme livrera sa dernière création, Marianne et Simon, au Théâtre La Chapelle. Cette scène intime à souhait convient parfaitement à sa nouvelle danse: 10 danseurs interpréteront chacun un court solo construit à partir d’une musique originale signée par l’un des 10 compositeurs invités. La brochette d’artistes engagés dans le Projet Tardif a de quoi faire saliver.

Tout comme pour un blind date, la chorégraphe a jumelé interprètes et compositeurs sans trop savoir si la combinaison fonctionnerait. Catherine Tardif, qui a toujours déclaré aimer travailler avec des non-danseurs, souhaitait cette fois-ci être en relation avec des collègues aussi habiles sur le plan de la technique que sur le plan intellectuel. Se succéderont donc sur la scène des danseurs chevronnés comme Lucie Boissinot, Sophie Corriveau, Sylvain Lafortune et Anne LeBeau. Le principal défi de la chorégraphe: parvenir à établir une communication stimulante avec des danseurs qui travaillent de façons opposées. Selon elle, il n’y a rien de plus enrichissant que de plonger dans l’univers cérébral d’un Sylvain Lafortune, ou encore de composer avec l’approche instinctive d’une Lucie Boissinot. "J’ai beaucoup utilisé des techniques de l’improvisation, dit-elle. Des danseurs m’ont fourni des résultats dont je ne savais trop quoi faire. Mais ils ont vite compris qu’ils devaient me communiquer leurs impressions s’ils voulaient que ça marche. Rien ne me trouble plus qu’un interprète docile."

Parmi les compositeurs, des habitués du milieu de la danse comme Michel F. Côté, Jean Derome, Gaétan Leboeuf, Rober Racine, mais aussi des nouveaux venus comme Michel Faubert et Luc Bonin. "Je leur ai demandé de me composer une pièce à partir du thème "Ma mère et la musique". Certains ont tenu compte de ma suggestion; d’autres, pas du tout."

Autre dilemme à surgir pendant la création: comment s’approprier une musique pas toujours évidente pour la danse? "On sortait parfois du studio avec la tête qui nous chauffait", rapporte en souriant Catherine Tardif. Celle-ci a demandé à Michel F. Côté d’homogénéiser le paysage musical. Angelo Barsetti, de son côté, a imaginé décor et costumes. Rien de complexe, car la chorégraphe privilégie les détails du quotidien.

Malgré les difficultés de coordination, Catherine Tardif atteint le dernier stade de la création le sourire aux lèvres. "Plus c’est ardu, plus ça me stimule…" Le contraire nous aurait étonnés!

Du 2 au 5 et du 9 au 12 mai
Au Théâtre La Chapelle