Les Soifs du désert : Leçon de vie
Les Soifs du désert nous sert une intrigue embrouillée qui oscille entre les envolées poétiques et la leçon de vie mystico-new age.
Que peuvent bien faire deux soeurs, retenues prisonnières dans un gratte-ciel situé en plein coeur du désert? Et pourquoi ne pas inventer des histoires, telles des Schéhérazades, version moderne? C’est à tout le moins l’idée qu’ont eue Myriam Houle et Marie-José Normand, auteures et interprètes de la toute première création de la compagnie Triptyque, Les Soifs du désert. Un conte pour adultes ambitieux et souvent maladroit, tissé autour d’une quête spirituelle, un peu à la manière d’un bouquin de Paul Coelho…
Pour passer le temps, Tante (Odette Caron), une auteure sans inspiration, dactylographie les histoires que ses filles adoptives, Jumelle (Marie-José Normand) et Soeur (Myriam Houle), inventent à voix haute pour elle. Le jour de leur vingt-cinquième anniversaire, les muses crient basta! Jumelle, plus délurée que sa compagne, décide qu’elle en a marre de la fiction: elle veut vivre. Pour les calmer, leur geôlière imagine un personnage masculin. Et pouf! Apparaît dans le décor un nouveau voisin très habile de ses mains, que s’amusent à séduire tour à tour la Jumelle, la Tante, puis la farouche Soeur. "Méfiez-vous de la fausse tristesse de l’homme", conseillera la plus expérimentée des trois. Mais le survenant fera tout de même son petit effet…
La mise en scène de Frédéric Dubois (assisté de Valérie Beaulieu) est correcte, mais sans grande originalité. Les Soifs du désert rappelle un peu les créations d’Éric Jean par la fantaisie de l’histoire racontée sans que l’on y retrouve, toutefois, le même surréalisme inventif dans la mise en scène. Sous sa direction, Marie-José Normand et Myriam Houle jouent avec vivacité, mais leur ton emprunté agace. Odette Caron teinte d’une belle fragilité sa Tante, tandis que Louis-David Morasse incarne sans nuance un Homme soucieux, qui soupire et fronce le sourcil aussi souvent qu’il respire. Un rôle qui aurait gagné à être étoffé.
Ce monsieur dira en cours de route qu’il a l’impression d’être "un clown de service pour coller les mots cassés". Une des plus jolies expressions d’un texte un peu trop "songé", qui ne facilite pas la compréhension d’une intrigue embrouillée oscillant entre les envolées poétiques et la leçon de vie mystico-new age.
Décidément, ces Soifs nous laissent sur notre faim…
Jusqu’au 5 mai
Salle intime du Théâtre Prospero