Du temps d'antennes : Le bruit des choses vivantes
Scène

Du temps d’antennes : Le bruit des choses vivantes

De la part de Nathalie Derome, plus rien n’étonne. Avec son solo Du temps d’antennes, la créatrice met en orbite un nouvel objet scénique difficilement identifiable, mêlant le spoken word, le chant et les bruits trafiqués.

De la part de Nathalie Derome, plus rien n’étonne. Avec son solo Du temps d’antennes, la créatrice met en orbite un nouvel objet scénique difficilement identifiable, mêlant le spoken word, le chant et les bruits trafiqués. Un show qui unit de manière artisanale des disciplines artistiques, plus proches du travail du patenteux que de celui de l’amateur de gadgets technologiques. Spectacle dans lequel la musique des mots de Derome se révèle résolument actuelle, à contre-courant des modes, et pourtant brûlante d’actualité.

"Explique-moi les frontières avant qu’on ne les élimine", lance l’artiste d’entrée de jeu. Seule dans son laboratoire sonore, la performeuse questionne la notion de territoire et présente la mondialisation sous un angle nouveau, inédit. Qu’on se rassure: il ne sera jamais ici question du Sommet des Amériques… "Eh qu’on est donc blancs!" lance-t-elle plutôt, à la fois accusatrice et complice, tout en se maquillant en geisha. Ses craintes, elle préfère les manifester à coups de réflexions poétiques et de sons émis par des instruments… de plastique. Des jouets et des objets "hétéroclites et bruyants" avec lesquels elle réussit à créer d’étonnantes ambiances.

Des concepteurs de haut calibre ont collaboré avec Nathalie Derome, dont l’artiste visuel Yvon Proulx, qui a imaginé un décor dépouillé mais fantaisiste (avec des morceaux de miroir et des souliers collés au plafond), et Bernard Grenon (réalisateur du disque Les 4 ronds sont allumés), qui a accompli un travail sonore impressionnant. Du temps d’antennes a été conçu sur place (dans l’ancienne galerie Copie-Art, adjacente au Cheval Blanc, rue Ontario) et cela paraît; l’équipe exploite à fond les possibilités de son nouveau terrain de jeu.

Même si le spectacle commence par la phrase "Je me réveille", il a été conçu comme un "rêve ambulant, en trois dimensions". Les courtes scènes présentées ne sont pas liées, elles n’ont en commun que leur douce folie. Ce qui n’empêche pas Nathalie Derome d’avoir de la suite dans les idées. Qu’elle crie dans un vase, confectionne des fleurs à l’aide de longues tiges aimantées ou raconte simplement un souvenir, assise sur une bûche, l’artiste parvient à nous mener habilement de l’intime au social, du particulier à l’universel.

À voir, dans le cadre du Festival Art Action Actuel, dont la deuxième édition se termine le 14 mai.

Jusqu’au 6 mai
Au 813, rue Ontario Est