La Caverne : Jouer avec le feu
Scène

La Caverne : Jouer avec le feu

Bien peu profonde, La Caverne que crée la compagnie Il va sans dire au Théâtre d’Aujourd’hui. En espérant que le soleil (comme dans Cirque du Soleil, dont Champagne dirigera le prochain spectacle) saura davantage que le feu inspirer le  créateur…

La nouvelle création de Dominic Champagne a beau remonter jusqu’au fond des âges, à l’exacte orée de la civilisation (un 14 décembre, à 17 h 30…), elle ne va pas loin pour autant. Bien peu profonde, La Caverne que crée la compagnie Il va sans dire au Théâtre d’Aujourd’hui. En espérant que le soleil (comme dans Cirque du Soleil, dont Champagne dirigera le prochain spectacle) saura davantage que le feu inspirer le créateur…

Car, au-delà des grands concepts avec lesquels il jongle (le mythe de Prométhée, la civilisation), le metteur en scène de l‘Odyssée accouche d’une souris: assez amusante, mais totalement inoffensive. Le questionnement sur les bénéfices paradoxaux du progrès qui, semble-t-il, animait le créateur, trouve ici une illustration aussi mince que la couche de civilisation qui recouvre ses personnages.

L’histoire que raconte La Caverne de façon simple et linéaire montre l’humanité à un carrefour crucial. L’Homme (représenté par un Miro en homo sapiens hagard, genre survivant post-Apocalypse) pourra-t-il émerger d’une famille de pithécanthropes en route vers l’évolution, mais qui, en attendant, tâtonnent dans l’obscurité et le froid?

La domestication de cette arme à double tranchant qu’est le feu fait donc l’objet d’une déterminante confrontation père-fils. L’intellectuel de la famille (ce qui n’est pas difficile…) avec ses grandes phrases et ses visions prophétiques, fiston (Jean-François Casabonne) est un précurseur de l’évolution, tandis que son brutal géniteur (Julien Poulin) se fait le partisan du statu quo et d’une fusion avec la nature. Le feu triomphera, et avec lui l’avenir de l’humanité dans tout ce qu’elle comporte de bon et de mauvais; mais papa livrera un ultime testament en forme de mise en garde, défendant l’importance "d’apprendre à jouir de la douceur des choses". Point final de la démonstration. Un peu courte, dirons-nous…

Outre un humour facile mais parfois efficace, qui se nourrit surtout d’anachronismes, il y a bien peu d’os à gruger dans La Caverne. Ici, pas de grand texte pour nourrir le choc entre le tragique et le grotesque cher au metteur en scène de Don Quichotte. Rien d’autre qu’une a-signifiante parodie à la sauce burlesque, visuellement réussie (la caverne de Simon Guilbault) mais pauvre en contenu.

Reste évidemment le plaisir, peu substantiel mais réel, de voir se démener cette famille fruste d’homo québecensis. Démarches simiesques à l’appui, les interprètes composent une sorte de "Petite Vie préhistorique", entrechoquant le père terrifiant de Poulin, le fils grandiloquent de Casabonne, la petite soeur effarouchée de Julie Castonguay et l’impayable Ma de Nathalie Claude.

Autrement, autant chercher un sens profond aux Pierrafeu

Jusqu’au 12 mai
Au Théâtre d’Aujourd’hui