Adam Houghland : Le grand explorateur
Avec Harmonies, les Grands Ballets Canadiens proposent un spectacle dont la saveur tient à la fois de la tradition et de la nouveauté. En primeur montréalaise, l’ouvre du jeune chorégraphe américain ADAM HOUGHLAND.
Pour clôturer sa saison, le directeur artistique des Grands Ballets Canadiens, Gradimir Pankov, a programmé deux pièces de Balanchine: Concerto Barocco et Épisodes (la première figure au répertoire de la compagnie depuis huit ans; la seconde sera dansée pour la première fois par les GBC), chorégraphies auxquelles on ajoute, en primeur montréalaise, Beyond, l’oeuvre d’un jeune chorégraphe américain, Adam Houghland.
Âgé de 24 ans, brillant diplômé de Juilliard, Houghland nous est présenté comme un jeune prodige. Et on n’a pas fini d’en entendre parler, puisque Pankov, résolument convaincu, lui a commandé une autre oeuvre, une création cette fois, pour l’an prochain.
Présentée pour la toute première fois à New York, l’an dernier, Beyond a suscité des commentaires enthousiastes. L’intelligence et la théâtralité de la pièce furent louangées. À la veille de revenir régler les derniers détails, le jeune chorégraphe explique à quoi on peut s’attendre de cette pièce pour huit danseurs, quatre hommes et quatre femmes… "Ça part de l’idée qu’il y a des espaces dans lesquels nous nous sentons en confiance, à la maison par exemple; mais qu’il existe aussi des zones inconnues, que nous sommes appelés à explorer: l’école, les autres pays. Au sens propre comme au sens figuré, cet inconnu nous attire et nous effraie à la fois."
Une contradiction profondément humaine et universelle, selon le chorégraphe. "Explorer, découvrir nous remet en question. Dans tous les domaines. Moi, je suis bien jeune, je sais que j’ai encore tout à apprendre; mais j’ai eu, déjà, à affronter mes craintes, à me dépasser. Je pense que pour avancer dans la vie, il faut accepter de vivre ce qui nous déstabilise, nous bouscule. J’ai voulu traiter de ça. Pour illustrer mon propos, les danseurs évoluent dans un décor très simple. Un espace divisé en zones d’ombre et de lumière."
Adam Houghland, volubile et prolifique (il calcule que Beyond est sa septième chorégraphie complète), ne se laisse pourtant pas étourdir par ses éclatants débuts. "C’est flatteur d’être qualifié de jeune prodige; c’est excitant, toute cette attention, si rapidement, sur mon travail, mais ça crée tout de même une pression dont je suis conscient. Je me sens observé, et je n’ignore pas qu’il y a de grandes attentes. J’essaie donc de savourer ce qui m’est offert, parce que c’est merveilleux et fulgurant. Mais je tiens à ne pas me perdre là-dedans."
Si Beyond, pour les Montréalais, constituera une toute première prise de contact avec l’univers de Houghland, on peut quand même déjà parler de la suite des fréquentations: "Ce que nous préparons pour le printemps prochain est une chorégraphie d’envergure, pour à peu près 16 danseurs. Si le thème n’en est pas encore exactement défini, puisque j’attends d’avoir choisi toute la musique pour me laisser inspirer, je sais déjà que cela traitera de ce qui me préoccupe beaucoup: les rapports humains. Plus précisément, notre difficulté de communiquer, notre quête d’amour."
Du 17 au 26 mai
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts