Isabelle Leblanc et la Nouvelle Scène du FTA : Folies de jeunesse
Scène

Isabelle Leblanc et la Nouvelle Scène du FTA : Folies de jeunesse

Dans Aube, Isabelle Leblanc se penche sur le déracinement et l’exil vécus par les prisonniers. "C’est l’histoire d’une femme qui a commis un crime sur la place publique." Quinze ans après ce drame, Rosa passe sa dernière nuit d’emprisonnement à nous raconter les circonstances qui l’ont poussée à tuer son frère.

Dans Aube, Isabelle Leblanc se penche sur le déracinement et l’exil vécus par les prisonniers. "C’est l’histoire d’une femme qui a commis un crime sur la place publique." Quinze ans après ce drame, Rosa passe sa dernière nuit d’emprisonnement à nous raconter les circonstances qui l’ont poussée à tuer son frère.

À l’origine de cette première création solo, une photo représentant un homme menotté, amené par la police. Bouleversée par ce cliché, Isabelle Leblanc a imaginé une histoire. Celle d’une femme qui fait parler son canon pour que cessent "les cris, les rires et les regards" dont l’accable le reste du village. Malgré le sérieux du sujet, le spectacle se veut léger, pas triste du tout. Une violoniste, un clarinettiste et une accordéoniste font partie de la distribution. À leurs airs gitans s’ajoute une esthétique joyeusement kitsch. "Ça se passe à la campagne, mais ce n’est pas la campagne romantique, avec du bois, du coton et des fleurs. C’est plutôt la campagne avec de la tapisserie de forêt canadienne au mur et des tissus synthétiques. J’avais envie de néon, de lumière qui ne mette pas les acteurs en valeur. De quelque chose de raide, comme la vie…"

La cofondatrice d’Ô Parleur mène ce projet avec bonheur. Quand Wajdi Mouawad a quitté la compagnie l’an dernier, elle a pourtant cru que tout s’écroulerait. "Je ne suis pas une leader, je ne pensais pas pouvoir rassembler autant de gens autour d’un projet, comme Wajdi le faisait. Mais j’ai réussi." À cette victoire s’ajoute le plaisir de diriger des comédiens qui ne font pas partie des "habitués" d’Ô Parleur: Éric Bernier, Valérie Blais, Jean-François Casabonne et Marie-France Lambert.

"Aube est différente de Littoral ou de Willy Protagoras enfermé dans les toilettes. Ce n’est pas une épopée, mais une histoire enrobée de mystère. Cela dit, on reste dans le théâtre de la parole. La langue occupe une place importante dans la pièce, puisque c’est en se racontant que Rosa se libère."

Théâtre, cinéma, vidéo… Isabelle Leblanc aime expérimenter. L’ex-concurrente de La Course destination monde est convaincue qu’une expérience à la caméra est un atout pour diriger les acteurs. "En faisant du documentaire, j’ai découvert que les gens témoignaient de tragédies à l’aide de phrases courtes, sans effusions d’émotion, contrairement au théâtre.

"Parce que je fais du cinéma et de la vidéo, j’ai souvent l’impression de ne pas être à ma place au théâtre. Mais moi, je veux être dans la création, peu importe la discipline artistique. Si j’ai parfois l’impression d’être un imposteur, c’est aussi parce je ne suis pas dévorée par le jeu, par le théâtre. J’ai l’impression que je pourrais faire autre chose demain! C’est peut-être ce qui me permet de travailler avec rigueur et sérénité…"

La Nouvelle Scène
Quatre autres spectacles à signaler dans la programmation de la Nouvelle Scène du FTA. Les Anglo-Montréalaises du Teatro Comaneci prennent d’assaut le Théâtre Du Maurier du Monument-National le temps de reconstituer dans Girls! Girls! Girls! une "vendetta d’adolescentes en mal de sensations fortes". Le Torontois Greg MacArthur a écrit cette tragédie urbaine en réaction à la tuerie de Colombine High School. L’événement 4 X 4 sera le théâtre d’une drôle d’expérience, réalisée à partir de quatre pièces, quatre auteurs (François Archambault, Yvan Bienvenue, Nathalie Boisvert, Emmanuelle Roy), quatre personnages, seize comédiens… et un metteur en scène, Martin Desgagné. La distribution change tous les soirs et les interprètes ne se rencontrent pas pour répéter! À La Licorne, jusqu’au 16 juin.

À voir aussi: Claudie Gagnon invite les amateurs de performance à assister à ses 12 Petits Miracles misérables et merveilleux, à l’Union française du 1er au 4 juin, tandis que le vitriolique Ceci n’est pas une pipe, de Stéphane Hogue, secouera le Théâtre Prospero du 2 au 5 juin.

Aube: 28 mai au 1er juin
Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui
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