Richard Maxwell : Le vrai monde
Scène

Richard Maxwell : Le vrai monde

Richard Maxwell est né à Fargo, cette petite localité du Dakota du Nord qui a été mise "sur la map" par le terrible film éponyme des frères Coen. Il est tentant – et l’artiste lui-même y souscrit – de voir une partie de la genèse de son oeuvre théâtrale dans la topographie particulière de "ce pays de fermiers, très plat et très isolé".

Richard Maxwell est né à Fargo, cette petite localité du Dakota du Nord qui a été mise "sur la map" par le terrible film éponyme des frères Coen. Il est tentant – et l’artiste lui-même y souscrit – de voir une partie de la genèse de son oeuvre théâtrale dans la topographie particulière de "ce pays de fermiers, très plat et très isolé".

Le jeune Américain signe des spectacles extrêmement ramassés que la critique américaine et française a dépeints comme "minimalistes", enfermant sous l’apparente banalité du quotidien des tragédies drôles et noires qui se jouent dans un environnement dépouillé et plat. "J’essaie juste de ne pas compliquer les choses", dit Richard Maxwell, qui s’exprime lui-même avec un certain laconisme.

C’est à Chicago que l’artiste a développé sa vision du théâtre. À la sortie du collège, il fonde avec d’autres jeunes comédiens idéalistes le Cook County Theater Department, une compagnie-laboratoire qui "cherche des façons nouvelles de s’exprimer sur le plan théâtral". "On a plus ou moins brisé toutes les règles qu’on nous avait enseignées, se rappelle Maxwell, joint par téléphone. On les a analysées, et on se les est appropriées pour nos propres besoins."

Depuis, le créateur a déménagé à New York, où il a décidé d’écrire et de mettre en scène ses propres spectacles. Pas moins d’une quinzaine depuis 1993 pour l’artiste de 33 ans, devenu l’un des noms en vue de la scène alternative américaine (même si lui n’a pas l’impression que le théâtre qu’il fait est "si différent"). Il vient présenter House, récipiendaire en 1998 du Obie Award, au FTA, du 30 mai au 2 juin.

Quand il crée, Richard Maxwell recherche une sorte de neutralité, afin de faire table rase de l’artifice. D’où les termes souvent utilisés pour décrire le jeu de ses interprètes, tels que "sans expression". "De plusieurs façons, je pense que je fais du réalisme, réfute-t-il. Parce que la réalité, c’est que la pièce a lieu en ce moment. Et je pense que pour un acteur, essayer de convaincre un public qu’il est triste ou heureux, c’est pénible. Et souvent redondant, parce que le texte le dit, de toute façon. Si vous mettez deux personnes sur scène, même si elles ne font rien, le public va quand même établir des connexions entre elles, inventer une histoire. Et ça, je trouve ça fascinant. Ça permet aussi au spectateur de réagir de façon très personnelle, puisqu’il projette ses propres histoires et expériences sur ce qu’il voit."

Drame familial
Attentif d’abord au rythme des pièces, comme un musicien, il demande à ses acteurs d’être ouverts à l’instant. "Les possibilités de représentation entre deux personnes m’ont toujours excité. C’est de là que vient une bonne partie de ma motivation pour écrire. L’écriture, pour moi, est presque secondaire, même si mes pièces sont beaucoup axées sur les personnages. Disons que le texte facilite ce qui se passe sur scène… Et c’est ce que je suis le plus désireux d’explorer. Parce que la pièce, c’est la théorie; et la représentation, c’est la pratique."

Maxwell glane généralement ses thèmes au hasard de ses déambulations dans la grouillante Grosse Pomme – "vous ne savez jamais quand une personne va faire une impression sur vous". Il aime les intrigues "très simples et fondamentales", directes, alimentées par des dialogues sonnant authentique. Exposant une existence banlieusarde, celle que vivent des millions de gens anonymes "sans être remarqués", ses histoires présentent un aspect quotidien mais aussi une dimension quasimythique.

House met ainsi en scène "une famille des plus ordinaires, en apparence"; mais qui, en réalité, s’enracine très profondément dans un mythe ancien. Jouant avec les notions de trahison et de vengeance, la pièce montre comment cette petite famille est rattrapée par le passé louche du père, qui a déjà travaillé pour le gouvernement. Arrive un dénommé Mike, qui veut venger la mort de son frère… "C’est une tragédie grecque sise dans une maison de banlieue américaine", résume Maxwell.

Le créateur manie des figures archétypales de l’Amérique. "Il y a de l’humour dans mes pièces, mais je n’essaie certainement pas de me moquer de ces gens. Au contraire, je tente de trouver l’humanité des individus sous les clichés avec lesquels je travaille. Mon intention est d’être le plus fidèle possible aux personnages quand j’écris. En tant qu’auteur, ça signifie pour moi de trouver leur âme ou leur coeur sous les stéréotypes."

Du 30 mai au 2 juin
Au Théâtre La Chapelle
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