Allemaal Indiaan : Spectacle d'ouverture
Scène

Allemaal Indiaan : Spectacle d’ouverture

Lors de l’édition 1999 de Théâtres d’ailleurs, le Belge ALAIN PLATEL avait étonné avec Iets op Bach, métissage de danse et de théâtre. Allemaal Indiaan, son dernier spectacle, puise à la même source: ouverture à la création, ouverture aux êtres.

Conçu et mis en scène par Alain Platel et Arne Sierens, Allemaal Indiaan/Tous des indiens complète la trilogie que les artistes ont conçue presque à leur insu avec Moeder en Kind/ Mère et Enfant (1995) et Bernadetje (1997). "Au moment où nous avons commencé le travail, Arne Sierens et moi, il y a cinq ans, nous étions tous deux intéressés par le livre d’un photographe anglais: des photos de famille. Ce livre nous fascinait. Nous avons fait le spectacle Mère et Enfant; après, nous avons eu envie de continuer le travail. Et c’est seulement après coup que nous avons constaté que nous avions fait une trilogie; ça n’a jamais été notre but."

Le lien entre ces trois spectacles? "Ce sont vraiment des pièces différentes, explique Alain Platel; mais on retrouve dans chacune des éléments de la vie familiale. Dans Allemaal Indiaan, l’élément le plus important est la vie de deux familles. Dans l’une, le père est absent; dans l’autre, la mère est absente. D’un côté, il y a quelqu’un qui va partir; de l’autre, quelqu’un qui va revenir. Et dans tout ça, il y a la vie de 12 personnages, pendant une heure et demie." Sur scène, deux maisons, une ruelle; la vie quotidienne, jouée par des comédiens-danseurs. Parole et mouvement, musique et actions simultanées, humour et humanité: un foisonnement, éclaté en apparence, lié néanmoins par "un fil conducteur très solide".

Même si la pièce peint la vie d’un quartier pauvre, "notre but n’est pas de parler d’un certain milieu, affirme Platel, mais bien de parler de la famille. Ce qui me fait plaisir, c’est quand, après le spectacle, des gens issus de milieux très différents me disent qu’ils ont reconnu des images de leur propre famille".

Pour Platel et Sierens, le naturel du jeu des comédiens est essentiel. Dans leurs pièces, dont Allemaal Indiaan, acteurs professionnels et non-professionnels se partagent la scène. "Quand j’ai commencé il y a 15 ans, raconte Alain Platel, j’ai travaillé avec des amis, dont certains n’étaient pas des professionnels. Cette rencontre avec des gens n’ayant pas eu le même parcours m’intriguait. J’ai découvert que les professionnels ont pas mal de choses à apprendre des non-professionnels, et vice versa." Un exemple? "L’enthousiasme naïf et l’engagement physique complet, sans gêne des non-professionnels est quelque chose de très beau que, parfois, les professionnels ont perdu. Par contre, les professionnels, lors des improvisations par exemple, peuvent guider les autres pour que ça devienne lisible pour les spectateurs."

L’aspect spontané du jeu, dans les spectacles du tandem Platel-Sierens, "est devenu notre marque", confie le metteur en scène. Comment l’atteindre? "C’est une chose qu’on travaille chaque jour: trouver comment les acteurs peuvent garder une manière de jouer très naturelle. Pour nous, c’est très important: c’est quelque chose que j’explique aux comédiens dès le début."

On dit de ces artistes que "dans Moeder en Kind et Bernadetje, ils ont mis au point leur langage théâtral unique, qui a fait école depuis". Ne s’enfermant jamais dans l’une ou l’autre forme, danse ou théâtre, les deux créateurs restent ouverts à ce qui se présente. "Il y a la scène, des gens avec qui nous avons envie de travailler: tout est possible. Bien sûr, quand on commence à écrire, on sélectionne; et ça donne des résultats différents d’une pièce à l’autre. Allemaal Indiaan, par exemple, est la pièce la plus théâtrale de la trilogie. Les mots et les émotions y sont très présents, alors que dans Bernadetje, on bougeait beaucoup plus."

Disponibilité, habileté à accueillir le mouvement qui passe: ainsi Alain Platel et Arne Sierens parviennent-ils à saisir et à fixer, dans leurs spectacles, le frémissement de la vie.

Le 31 mai
Au Grand Théâtre
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