FTA – Marie Brassard : Femme de rêve
Entre La Trilogie des dragons, de Robert Lepage, en 1987, et L’Asile de Dominic Champagne, en 1999, la comédienne Marie Brassard s’est toujours impliquée dans la création théâtrale.
Entre La Trilogie des dragons, de Robert Lepage, en 1987, et L’Asile de Dominic Champagne, en 1999, la comédienne Marie Brassard s’est toujours impliquée dans la création théâtrale. Pour elle, le théâtre est un art collectif, et l’acteur ne doit pas se limiter à simplement jouer son rôle.
Or, bien qu’elle ait contribué à plusieurs créations collectives, elle n’avait jamais écrit une oeuvre personnelle. "C’est terrorisant de créer une pièce seule, de s’exposer à tous, de se mettre en position de danger", explique la créatrice en entrevue pour la promotion de sa première pièce de Théâtre, Jimmy, créature de rêve, qui fait partie de la programmation du 9e Festival de théâtre des Amériques. "Mais c’est le rêve de la jeune artiste qui a choisi le métier d’actrice pour exprimer son imaginaire. J’ai l’impression qu’avec Jimmy, j’ai défoncé une porte immense et que désormais je vais toujours écrire."
À l’origine, Jimmy… n’était pas un projet de pièce mais simplement un exercice personnel et intime. Pendant deux ans, Marie Brassard a transcrit ses rêves dans un cahier. Elle en a répertorié plus de 150. "Ce qui m’a frappée en les relisant, dit-elle, c’est la grande richesse dramatique des rêves. Certains ressemblaient à des scénarios de films de David Lynch! Et je suis une fan de ce cinéaste. J’adore la façon qu’il a de jouer avec l’inconscient. Car je trouve pénible la volonté de bien des gens de toujours vouloir tout expliquer; de demander des histoires logiques avec un début, un milieu et une fin…"
La metteure en scène Diane Dubeau, qui connaît Brassard, lui avait proposé d’écrire un texte à partir de ses rêves pour la première partie du spectacle Pension Vaudou, à l’Espace libre, en novembre dernier. Jimmy, créature de rêve avait alors séduit la critique. À l’invitation du Festival de Théâtre des Amériques, Marie Brassard s’est remise à l’ouvrage et propose, dès le 3 juin dans la salle intime du Théâtre d’Aujourd’hui, une version allongée (environ 75 minutes) de Jimmy.
Ce solo onirique suggère que le monde des songes n’est peut-être pas seulement une fugace invention de l’esprit. "J’ai pensé qu’il serait plus intéressant de parler du rêvé plutôt que du rêveur. Et j’ai imaginé Jimmy, un coiffeur homosexuel, né dans les rêves d’un général de l’armée américaine. À la suite du décès de ce dernier, Jimmy se réincarnera dans les songes d’une comédienne montréalaise."
"La voix transformée électroniquement, Marie Brassard défend un Jimmy étonnant de vérité et d’irréalité" avait-on écrit à la création du solo. "Avec la voix transformée, je veux exprimer des zones obscures dans le jeu en dehors du texte et de la mise en scène. C’est comme de masque", explique la femme-orchestre.
Marie Brassard joue, dirige et a conçu le spectacle. Pour réaliser son rêve, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. La créatrice n’a même pas d’assistance à la mise en scène… Seuls quelques rares collaborateurs l’ont aidée dans cette belle aventure: Simon Guilbault au décor; Michel F. Côté au son; Éric Fauque aux éclairages.
À la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui
Du 3 au 6 juin