Jacob Wren au FTA : Les uns et les autres
Scène

Jacob Wren au FTA : Les uns et les autres

L’enfant terrible se serait-il assagi? Deux ans après la présentation à Montréal de l’étrange En français comme en anglais, It’s Easy to Criticize, le Torontois Jacob Wren est de retour au Festival de Théâtre des Amériques (FTA) avec sa création la moins déroutante.

L’enfant terrible se serait-il assagi? Deux ans après la présentation à Montréal de l’étrange En français comme en anglais, It’s Easy to Criticize, le Torontois Jacob Wren est de retour au Festival de Théâtre des Amériques (FTA) avec sa création la moins déroutante. "Il s’agit de ma première pièce avec une histoire forte, explique le dramaturge en entrevue téléphonique depuis Toronto. J’ai toujours cru qu’un style très narratif, ça ne fonctionnait pas sur scène. Mais cette fois, j’ai eu envie de revenir à l’essence du théâtre, à l’histoire." Fini, les walkies-talkies, les chorégraphies absurdes parodiant la danse contemporaine ou les échanges pseudo-intellectuels marmonnés dos au public. Jacob Wren a décidé de respecter les conventions théâtrales…

Enfin presque, puisque Recent Experiences se déroule autour d’une grande table, où les spectateurs prennent place à côté de six comédiens. La pièce coécrite et codirigée par la directrice de la compagnie STO Union, Nadia Ross, met en scène quatre générations d’une famille racontant les moments importants de leur vie, en marge des grands événements qui ont marqué le XXe siècle.

La cuisine, lieu très prisé de nos créateurs durant les années 70, ferait-elle un retour? Selon Wren, la table, à tout le moins, est un excellent outil pour mettre de l’avant la fragilité humaine. "Nous ne voulions pas que les comédiens soient sur une scène, où ils auraient à parler fort. Ils s’adresseront donc, sans hausser de ton, à des spectateurs devenus participants de la représentation. C’est une façon de revenir au conte, au plaisir de se raconter des histoires."

Ces histoires, ce sont celles d’un couple formé en 1900 et de ses descendants, tous victimes de la guerre à des degrés divers. Comment mettre en scène une saga familiale de façon nouvelle? Après quatre laboratoires publics, étalés sur cinq ans, les deux dramaturges en sont arrivés à un "théâtre micro-épique" qui allie drame épique et confidences. "Nous avons choisi de répartir l’action sur 100 ans en réaction à toutes ces pièces qui se passent en une journée. Nos personnages cherchent le bonheur; ils posent un regard sur la génération précédente dans le but de trouver le sens de la vie."

Tous deux fascinés par le XXe siècle – "marqué par une véritable explosion d’idées et de changements centrés sur l’individu" -, les auteurs ne parviennent plus, aujourd’hui, à se rappeler qui a écrit quelle partie de la pièce. Peu importe, l’expérience s’est révélée fructueuse. "À deux, tu peux aller plus loin, explorer davantage. Il n’y a rien qui me rende plus malade que les artistes qui n’ont d’autre but que de s’exprimer!" ironise Wren. Ensemble, ils en sont venus à la conclusion que la famille était en voie de disparition. "Nous croyons que le XXe siècle a détruit la famille. C’est désolant. Maintenant, il n’y a plus que des individus…"

Du 3 au 6 juin
Au Théâtre Du Maurier du Monument-National