L'art de se protéger : Faits et gestes
Scène

L’art de se protéger : Faits et gestes

Pour ANDRÉ MALACKET, la prévention a bien meilleur goût. C’est pour ça qu’il s’occupe depuis cinq ans de l’événement de lutte contre le sida: D’amour et de danse. Et cette année, il innove avec une nouvelle formule.

Depuis maintenant cinq ans, d’arrache-pied, André Malacket relève le défi de monter le spectacle D’amour et de danse. Cette exceptionnelle soirée de gala qui, pour le plus grand plaisir d’un public fidèle et attentif, réunit quantité de danseurs tous horizons confondus, permet non seulement de se réjouir artistiquement, mais d’amasser des sous pour lutter contre le sida. Jusqu’ici, on a pu remettre 130 000 $ à la Fondation Farha.

Cette année, on a décidé d’aller plus loin.

Autour du spectacle, on a prévu, en plein air, deux journées d’activités d’information et de prévention. Baptisé L’Art de se protéger, l’événement se déroulera les 6 et 7 juin, sur l’esplanade de la Place des Arts, un lieu de rendez-vous accessible et agréable.

Pourquoi le spectacle ne suffit-il plus? "Parce qu’il y a urgence d’informer, soutient l’organisateur. Depuis la trithérapie, le sida est devenu banal. On a presque l’impression qu’on n’en meurt plus. Il faut pourtant savoir que 50 % des gens ne répondent pas aux traitements, qui sont difficiles et qui exigent une discipline de fer. Il y en a qui lâchent aussi, épuisés. Le visage de la maladie en 2001 a changé. Il faut le dire et le répéter: le sida est sorti de son ghetto, touche les femmes, les communautés ethniques, les prostituées… Contrairement à ce que tout le monde croit, ça ne s’est pas calmé. À Montréal, un adulte sur 160 serait infecté par le virus! Et il ne faut pas oublier les toxicomanes, les jeunes. En fait, selon moi, le sida recoupe toutes les problématiques sociales qui nous entourent, c’est pour ça qu’il faut faire quelque chose, et vite!"

André Malacket a beau être vidé par l’organisation d’un tel événement, la conviction est intacte. Sa voix trouve toute sa force de persuasion, dans un mélange de fermeté et de douceur enthousiaste. "Ce qu’on organise, c’est pas le Salon du sida! Il ne s’agira pas de venir se promener sur le site pour ramasser des dépliants… On voulait que ce soit original, alors on a décidé de faire un rassemblement d’artistes et d’organismes communautaires, comme on n’en a jamais vu au Québec. Les activités qu’on a programmées témoignent de cette originalité, et de notre volonté de faire participer les gens. C’est important que les visiteurs ne se contentent pas de regarder."

Parmi les organismes qui seront sur place pour faire connaître leur action, mentionnons le Centre d’action communautaire auprès des toxicomanes utilisateurs de seringues, le Centre Option-Prévention, le Comité des personnes atteintes du VIH, le Centre de Ressources et d’Intervention en Santé et Sexualité, Séro Zéro, Sida Bénévoles Montréal, Spectre de rue, Stella…

Parmi les activités prévues, signalons la LNI (présence confirmée de Luc Senay, Stéphane Crête, Isabelle Brouillette) pour improviser sur des thèmes de circonstance; une toile géante installée sur le mur du Théâtre Maisonneuve sur laquelle de jeunes muralistes pourront s’exprimer; les lectures de textes de personnes séropositives, que feront Macha Limonchik, Julie McClemens, Violette Chauveau, Normand Daneau, Éric Cabana; et une version modifiée pour l’occasion; du jeu La Guerre des clans, auquel participeront, entre autres, Normand D’Amour, Michel Mpambara, Antoine Durand et Tanya Contoyanni.

"On a réuni des artistes que les gens aiment et qui sont intéressants, pour que le monde se déplace. Il faut qu’il se passe quelque chose de différent parce que jusqu’ici, les grosses campagnes de prévention n’ont pas été très satisfaisantes. On a bien dit aux organismes qui participent que c’est l’art qui devait être le vecteur, ce qui les a stimulés. L’an prochain, comme on commence déjà à y travailler, on va aller encore plus vers l’intégration sociale, on va créer des jumelages."

Autre nouveauté, le spectacle D’amour et de danse, qui clôturera ces deux jours d’activités, déménage cette année, de la salle Pierre-Mercure au Théâtre Maisonneuve. Six cents sièges de plus. Le prix du billet s’échelonnant de 35 $ à 150 $. La proposition est alléchante: des danseurs de partout (Grands Ballets Canadiens, Ballet National du Canada, Ballets Jazz de Montréal, Montréal Danse, O Vertigo) et des moments uniques, comme la création de Que ton coeur s’apaise, avec Andréa Boardman et Sylvain Lafortune, un pas de deux acrobatique avec Oleg et Tatiana du Cirque du Soleil, la présence de la compagnie Hubbard Street Dance Chicago, la projection de dessins d’enfants séropositifs, réalisés à l’hôpital Sainte-Justine, ainsi que Pascale Bussières et Marc Béland à la lecture de textes. Infos générales: www.damouretdedanse.com/

L’Art de se protéger
Les 6 et 7 juin
Esplanade de la Place des Arts (gratuit)

D’amour et de danse
Le 7 juin
Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

Reprise à l’Agora
Vu le succès remporté l’hiver dernier (on a même dû refuser des spectateurs à l’entrée) par la plus récente création de Daniel Léveillé: Amour, acide et noix, on reprend le spectacle à l’Agora de la danse, du 5 au 9 juin. Dansée par Jean-François Déziel, David Kilburn, Ivana Milicevic et Dave Saint-Pierre, sur des musiques de Vivaldi, Rammstein et Led Zeppelin, la chorégraphie met en valeur le corps humain, dans toute sa splendeur. "La nudité comme seule lecture du corps, sans fard ni fausse pudeur", explique le chorégraphe. La question de départ: "La peau n’est-elle pas le véritable costume du corps?".