Isabelle Gaumont : Une fois, c’t’une fille…
Une fille nue, c’est toujours vendeur. Parlez-en à Isabelle Gaumont, qui a choisi de s’exposer dans le plus simple appareil sur les affiches de son spectacle Gaumontville, présenté dans le cadre du Festival Fringe.
Une fille nue, c’est toujours vendeur. Parlez-en à Isabelle Gaumont, qui a choisi de s’exposer dans le plus simple appareil sur les affiches de son spectacle Gaumontville, présenté dans le cadre du Festival Fringe. Le public appâté par cette trompeuse ruse est, ô surprise, convié à se dilater intelligemment la rate, à défaut de pouvoir se rincer l’oeil. "Gaumontville vous comblera d’aise et flattera votre cerveau dans le sens des neurones", écrit-elle dans le programme. Pas de blagues de couple ou de cul, donc. Mais tout de même quelques gags faciles de la part de la diplômée de l’École nationale de l’humour, qui affirmait pourtant avoir voulu éviter "la joke pour la joke"…
Après avoir brisé la glace l’an dernier au Fringe, avec un spectacle de stand-up (Élucubrations féminines), l’humoriste présente cette fois un numéro plus théâtral, dans lequel elle incarne six résidantes d’une petite ville fictive, un jour d’élection.
Des questions sont d’abord posées à la mairesse des lieux, une opportuniste qui commence la plupart de ses énoncés par "m’a dire comme c’te gars" et les termine par un perronisme de son cru, du genre: "Pourquoi couper les oeufs en quatre?" Lui succède sa rivale de l’opposition, une snob qui veut construire un mur entre les quartiers riches et pauvres de la cité. Les discours font ensuite place aux lamentations d’une employée d’un "sweat shop pour le monde avec des diplômes" (une compagnie de télémarketing!). Alors que les candidates n’étaient que des caricatures de politiciennes, cette pauvre fille sous-payée fait sourire par la justesse de ses observations sur le merveilleux monde du travail. Lucie est, pour sa part, une comédienne en devenir, prof d’aérobie en attendant, qui se défoule sur ses élèves obèses. Disons que tout ce qui n’est pas politically correct n’est pas nécessairement drôle… Dans la même veine, une mère violente nous raconte ses déboires: "Une fois, j’ai mis le bébé dans le malaxeur, pour lui apprendre à vivre…" Le dernier personnage du show est une sympathique jeune femme à la recherche du bonheur. Les 20-30 ans se reconnaîtront dans cette créature "ni heureuse, ni malheureuse", qui a l’impression de "nager en petit chien dans la piscine de la vie" en tentant de garder la tête hors de l’eau.
Ce sont les personnages les moins caricaturaux qui suscitent le plus de rires durant cette performance qui combine des punchs plus ou moins efficaces et des monologues sur les difficultés de la vie, plus "songés". C’est visible, Isabelle Gaumont a du talent. Dommage que la finesse de son humour soit ici dissimulée derrière des personnages dessinés à (trop) gros traits…
Au Festival Fringe
Jusqu’au 24 juin
Salle 2, 4247, rue Saint-Dominique (Hour Stage)