Louison Danis : À coeur ouvert
"Je n’ai jamais manqué de travail, mais j’ai souvent manqué d’argent!" En 34 ans de métier (elle a commencé à 16 ans!), Louison Danis a appris à aller là où son coeur la porte… peu importe le nombre de billets verts promis en échange
"Je n’ai jamais manqué de travail, mais j’ai souvent manqué d’argent!" En 34 ans de métier (elle a commencé à 16 ans!), Louison Danis a appris à aller là où son coeur la porte… peu importe le nombre de billets verts promis en échange. "Je suis sélective, même si cela me rend pauvre", confie-t-elle avec un rire communicatif. Cet été, cette touche-à-tout de la chose théâtrale a accepté de mettre en scène Larmes fatales, ou comment faire chanter un chanteur, une création des auteures Marie-Louise Nadeau et Carole Tremblay présentée au Centre culturel de Châteauguay. "Une comédie de situation à conscience sociale plutôt prononcée", selon elle, qui offrirait une belle leçon de vie aux spectateurs. Pas mal, pour du théâtre d’été…
"Les trois personnages de la pièce (interprétés par Marie-Joanne Boucher, Isabelle Drainville et Caroline Lavoie) sont des résultats très clichés de la société. L’une revient d’un séjour de 10 ans en France, un peu coincée; l’autre pense que le sexe est une priorité; tandis que la troisième est une manipulatrice qui croit ses propres inventions. "Un jour, elles se retrouvent dans une situation que nous avons tous vécue: elles se font avoir! Ce mélange de comédie et de drame nous rappelle que dans la vie, il ne faut pas donner un pouce, sinon on risque de se faire prendre un pied!"
Si Louison Danis a craqué pour le projet, c’est parce qu’elle croit avoir du rattrapage à faire côté méfiance. "Je suis une personne d’une grande intégrité et d’une grande générosité, ce qui fait que je peux facilement être abusée. Par exemple, je suis incapable de négocier. Je me suis dit: tiens, ce spectacle me permettra de me rappeler, dans le quotidien, de faire attention!"
L’excellente comédienne – on se souviendra longtemps de l’envahissante mère incarnée dans 24 Poses (portraits), de Serge Boucher, l’événement théâtral de l’automne dernier, qui sera repris en début de saison chez Duceppe – est aussi une metteure en scène audacieuse (elle a surtout oeuvré dans son Outaouais natal) et une traductrice aguerrie. Le secret de son succès, elle l’explique par un travail acharné. "Je me sens la responsabilité d’essayer, tous les jours, d’évoluer un peu."
Au fil des ans, Louison Danis s’est rendue à l’évidence: l’autocensure, ce n’est pas pour elle! "En répétition, je suis d’une franchise désarmante, reconnaît-elle. Lors de chaque spectacle, il y a toujours un acteur qui me confie que je suis la première metteure en scène à lui avoir dit les vraies affaires. Pourtant, c’est notre devoir d’essayer d’aider les autres à surmonter leurs faiblesses."
Cette travailleuse assidue a toujours préféré les expériences risquées aux succès garantis, quoiqu’elle ne dédaigne pas les grosses productions. Recrutée pour jouer dans la Comédie dans le noir que dirigera Denise Filiatrault au Festival Juste pour rire, elle est attristée d’avoir dû être remplacée par Pierrette Robitaille après deux semaines de répétitions pour des raisons de santé (elle a arrêté de fumer… ce qui l’a rendue malade!).
La très volubile metteure en scène parle avec enthousiasme de l’utilisation du langage faite par le tandem Nadeau et Tremblay. "Il s’agit d’une pièce très bavarde, un peu comme 24 Poses, où l’on retrouve un grand désir de communiquer. J’ai choisi de valoriser la puissance du texte en essayant de comprendre ce qu’il pouvait changer en moi, puis de transmettre cela aux autres."
"Tu m’as fait penser à un tel." Cette phrase, Louison Danis l’a entendue plus que toute autre durant sa carrière. Loin d’en être agacée, elle espère se la faire répéter à nouveau. "Quand on peut penser à quelqu’un qui nous a mis des bâtons dans les roues et raconter l’histoire en souriant, c’est bon signe, non? Cela veut dire qu’on a surmonté le problème."
"Larmes fatales est une comédie qui peut aider à évoluer, à éviter certains pièges. Ce qui m’intéresse, après tout, c’est que le spectacle serve à quelque chose…"
Du 28 juin au 18 août
Au Centre culturel Vanier de Châteauguay