Moses Pendleton : Les athlètes du corps
Invitée dans le cadre de la série Les Incontournables du Festival Juste pour rire, la troupe Momix pratique une forme d’art qui ne se décrit pas aisément.
Invitée dans le cadre de la série Les Incontournables du Festival Juste pour rire, la troupe Momix pratique une forme d’art qui ne se décrit pas aisément. Après Gumboots, Slava’s Snowshow et Arturo Brachetti, le Festival est l’hôte d’une autre production inusitée, acclamée internationalement par des critiques s’avouant bien embêtés d’avoir à dépeindre ces manoeuvres corporelles. Le chorégraphe Moses Pendleton, fondateur et directeur artistique de Momix, doit lui aussi s’astreindre depuis plus de 20 ans à cette tâche difficile. C’est d’ailleurs avec courtoisie et humour que ce pince-sans-rire répond à nos questions.
"Nous présentons un genre de vaudeville surréaliste, amorce-t-il à l’autre bout du fil, assis sur la galerie de sa demeure victorienne du Connecticut. Ce n’est pas uniquement de la danse, on y retrouve également du théâtre, de l’illusion, de l’humour. Nous utilisons beaucoup d’accessoires, des éclairages travaillés, des pièces musicales très variées et, surtout, le plus spécial des effets spéciaux: le corps humain. Cela nous permet de créer des images à la fois amusantes et poétiques, pouvant être appréciées par un large public. Ce show dresse un pont entre le monde de la danse et le monde en général."
Pour l’excentrique créateur – il apparaît dans le vidéo promotionnel de la compagnie en Speedo et casque de bain -, les commentaires médusés qu’échangent les spectateurs à la sortie du show sont l’ultime récompense. Peu importe qu’ils croient avoir vu des artisans de cirque qui font du théâtre, ou des danseurs friands d’acrobaties, ce qui compte, c’est d’étonner en jouant sur les perceptions. Ces athlètes aux parcours variés (escalade, etc.) créent avec leurs corps des images saisissantes, souvent tellement léchées qu’on se croirait devant un film d’animation. "Il faut être en forme pour jouer les cartoons humains", remarque-t-il en riant.
Dans les spectacles de Momix, les accessoires sont… essentiels. "Ils nous servent à créer de nouveaux moyens de locomotion, à développer de nouvelles façons de danser." Ces objets du quotidien deviennent de véritables extensions du corps des danseurs. Une interprète exécute une chorégraphie à l’intérieur d’un immense hula-hoop, qu’elle maintient en mouvement du début à la fin de son numéro; un couple danse lascivement, chaussé de bottes et de skis alpins…
S’il s’absente à regret de sa demeure bordée de tournesols – "mes muses!" – , Moses Pendleton a hâte de présenter à Montréal Momix in Orbit, une rétrospective regroupant des extraits de plusieurs créations. Le chorégraphe considère notre ville comme "particulièrement énergisante". Il a participé à deux tournages ici, dont un avec Charles Dutoit et l’Orchestre symphonique de Montréal, et ses pièces Baseball et Passion ont été montées dans la métropole.
Depuis ses débuts au sein de la compagnie Pilobolus, Moses Pendleton glisse des blagues dans ses spectacles, question, dit-il, de garder les spectateurs éveillés! La troupe a été qualifiée de "Monty Python de la danse" ou encore de Charlie Chaplin avec des aptitudes de gymnastes.
La musique de scène pourrait, elle aussi, faire sourire le public. De Dead Can Dance à Vivaldi, de Brian Eno à Bach, elle s’annonce éclectique. "Nous utilisons du rock, du new age, des effets sonores; la musique de la série Twin Peaks et de Massive Attack. Je passe beaucoup de temps à effectuer la sélection. Le spectacle est vraiment agréable à écouter. Alors, si vous n’aimez pas ce que vous voyez dans Momix in Orbit, fermez vos yeux, et appréciez la musique…"
À l’image de ses créations, Moses Pendleton a une façon bien à lui de faire son service après-vente…
Du 10 au 22 juillet
Au Monument-National