Dieudonné : La religion de l’humour

En France, où les humoristes ont autant la cote qu’au Québec, Dieudonné M’bala M’bala est partout. Cinéma, télévision, disques, scène, radio, et peut-être bientôt à l’Élysée! Car la chose politique intéresse le comédien né d’une mère bretonne et d’un père camerounais. Aux élections législatives de 1997, il a mis sur pied le parti Les Utopistes et a remporté huit pour cent des suffrages à Dreux, une ville où le Front National a connu de bons scores. Puis, comme autrefois Coluche, Dieudonné sera candidat aux présidentielles de 2002, sous la bannière des Utopistes.

Mais, pour l’instant, c’est à la Maison Théâtre qu’on ira voir Dieudonné qui présente Pardon Judas dans le cadre du Festival Juste pour rire, et sa série Les Têtes d’affiche. Celui qui fait cavalier seul depuis sa séparation d’avec Élie Semoun (le duo Élie et Dieudonné), en 1997, a créé ce one man show en novembre 1999 au Théâtre de la Main d’or. Avec Pardon Judas, l’humoriste français Dieudonné revisite à sa manière les évangiles et la parole de Dieu. Judas revient sur Terre, 2000 ans plus tard. Il croise une galerie de personnages (tous interprétés par l’humoriste) qui font ressortir les travers de nos contemporains. Dieudonné se demande, entre autres, si les autorités religieuses n’ont pas passé à côté de l’essentiel dans leur enseignement de la foi: le pardon.

Il s’attaque à la grande puissance de l’Église, et à "l’esprit guerrier judéo-chrétien". "La notion de divin est propre à chaque individu et pas à une religion qui veut nous en donner le mode d’emploi, confie-t-il en entrevue à Voir. L’Église est une multinationale que ne représente pas Jésus-Christ. Pour moi, le concept d’autorité religieuse est une fantaisie. Jésus était un grand révolutionnaire d’extrême gauche, qui a malheureusement inspiré une église d’extrême droite. Posons-nous la question: Si Jésus était parmi nous aujourd’hui, où irait-il? Au Vatican? Je ne pense pas qu’il s’y sentirait tout à fait à sa place…"

Durant la tournée de Pardon Judas, l’an dernier, des membres des Jeunesse Catholiques ont manifesté devant le théâtre, jugeant blasphématoires les propos de l’humoriste. Mais ce dernier qui rêve d’un monde meilleur sans classes ni frontières va continuer de provoquer les institutions en place. "Pour moi, quand le doute s’installe, l’autodérision est le meilleur remède. J’ai foi en l’humour. Le rire, c’est ce qui nous différencie du règne animal. J’ai joué dans des prisons et dans des hôpitaux et j’ai été frappé par ce besoin d’humour des gens. La capacité de rire dans des moments durs, voire tragiques, c’est l’expression la plus sage de l’homme."

D’ailleurs, dans sa biographie, Dieudonné M’bala M’bala inscrit "artisan du spectacle" comme profession et "humoriste" comme religion. Encore un peu, et il affirmerait que le rire est l’opium des peuples…

Au Festival Juste pour rire
À la Maison Théâtre
Du 13 au 21 juillet