Laurent Gerra : Qui aime bien châtie bien
Scène

Laurent Gerra : Qui aime bien châtie bien

Laurent Gerra aime bien déboulonner les monuments de la culture populaire. Francis Cabrel, Johnny Hallyday, Michel Drucker, Renaud, Gainsbourg, Céline et René Angelil, entre autres, font partie de ses têtes de Turc.

Laurent Gerra

aime bien déboulonner les monuments de la culture populaire. Francis Cabrel, Johnny Hallyday, Michel Drucker, Renaud, Gainsbourg, Céline et René Angelil, entre autres, font partie de ses têtes de Turc. L’imitateur prend un malin plaisir à les caricaturer, voire à les ridiculiser. Le seul artiste qui ne soit pas tourné en dérision par l’humoriste, c’est Ferré. L’espace d’une chanson, Gerra enlève son masque comique pour interpréter avec respect, et beaucoup d’émotion, Avec le temps.

En France, Laurent Gerra, qui vit avec l’actrice Mathilde Seigner, est une star de l’imitation, un genre également prisé au Québec avec les Jean-Guy Moreau, André-Philippe Gagnon et Marc Dupré. Après avoir participé à un gala, en 1993, Laurent Gerra revient au Festival Juste pour rire avec un spectacle solo qu’il a présenté pendant deux ans en Europe presque à guichets fermés. En fait, après les représentations à la Maison Théâtre, du 9 au 20 juillet, l’humoriste s’attaquera à la création de son nouveau one man show.

Rencontré dans les bureaux des Productions Rozon à Paris, en mai dernier, le comédien un brin ténébreux s’inquiétait de l’accueil du public au Québec. Rassuré en apprenant qu’en général l’humour français s’exporte assez bien ici, il lance cette boutade: "C’est gentil de nous envoyer Julie Snyder, mais nous aussi on peut envoyer au Québec des gens qu’on n’aime pas!" Pas besoin, on a déjà Herbert Léonard…

Laurent Gerra a amorcé sa carrière dans les cabarets de Lyon et de Paris. Il passe à la radio au début des années 90, où il rencontre Virginie Lemoine. Le couple formera un duo des plus comiques (Molière du meilleur spectacle à sketchs en 1997). À la fin de la décennie, c’est la séparation, Gerra décidant alors de poursuivre en solo.

Sur scène, outre sa performance vocale, Laurent Gerra se démarque par la qualité de sa gestuelle et l’irrévérence de ses textes. Tout le monde y passe: chanteurs, acteurs, politiciens et même le pape. Laurent Gerra cultive cette mauvaise foi marque des grands satiristes frappant sur tous les lieux communs. "J’ai la chance de pouvoir imiter des voix connues, dit-il. Alors, autant leur faire dire des conneries. Mais le plus intéressant, c’est de leur faire dire des choses qu’ils auraient pu dire… si les vedettes n’avaient pas peur du ridicule!"

Pour sa prestation en sol québécois, l’imitateur fera des choix et coupera certains numéros de personnalités moins connues ici. Bien sûr, il garde Bêêêlle, son numéro du hit de Notre-Dame de Paris dans lequel il modifie le couplet: "Victor Hugo doit se retourner sous sa stèle; de voir son roman transformé en bordel"…

Laurent Gerra conserve aussi l’imitation de Céline, même s’il lui a donné un accent plutôt du Lac-Saint-Jean que de Charlemagne… "Je l’annoncerai autrement. Je ne veux pas imiter des personnalités québécoises, car je sais qu’il y a des gens qui le font mieux que moi. Céline, je la montrerai de la façon dont les Français la perçoivent."

Avec un peu de fiel, car l’humoriste semble peu flatteur envers le couple Dion-Angelil: "On dirait deux bouchers qui auraient gagné à la loto!" dit-il, en commentant le décor de leur palace à Jupiter Island en Floride…

En tant que Français, ne craint-il pas d’être mis au pilori en se foutant de la gueule de Céline Dion? "Je ne veux pas me foutre de la gueule de Céline mais simplement provoquer des réactions." Ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre.

Jusqu’au 20 juillet
À la Maison Théâtre