Les Artistes naturels : Terrain de jeu
Scène

Les Artistes naturels : Terrain de jeu

À l’état sauvage, les comédiens sont des individus aux moeurs fascinantes à observer. Le collectif d’artistes Momentum en a découvert une tribu dans un boisé de Sainte-Sophie, dans les Basses-Laurentides.

À l’état sauvage, les comédiens sont des individus aux moeurs fascinantes à observer. Le collectif d’artistes Momentum en a découvert une tribu dans un boisé de Sainte-Sophie, dans les Basses-Laurentides. Jusqu’à dimanche, les membres de la compagnie organisent des expéditions au coeur de l’habitat naturel de cette espèce en voie de disparition. Pour découvrir ces Artistes naturels, il suffit de suivre le guide…

Les concepteurs de ce happening théâtral, Sylvie Moreau et François Papineau, mettent en application l’un des leitmotivs de Momentum, à savoir que le théâtre n’est pas un art figé, mais le lieu de toutes les libertés. D’où l’idée de transformer les spectateurs extirpés de Balconville en anthropologues sur la piste d’"artistes naturels" dans un décor mouvant, enchanteur mais périlleux (l’ennemi ailé est partout!). Ceux qui ont pris part à la septième messe de Momentum, L’Incompréhensible Vérité du Maître, retrouveront les lieux et les personnages découverts il y a deux ans. Agréablement surpris par le succès remporté par ce show, le couple Moreau-Papineau a imaginé de nouvelles aventures pour leurs artistes primitifs (Isabelle Brouillette, Michel-André Cardin, Guillaume Chouinard, Salomé Corbo, Stéphane Crête, Éric Forget, Frédéric Teyssier).

Guidés par un sympathique gaillard (Réal Bossé) qui s’exprime dans un charabia incompréhensible ponctué de "Pocca Pocca!", les spectateurs (ô pardon, les "témoins heureux"…) amorcent leur aventure à l’orée de la forêt, devant une porte de bois. Le Maître les guide au bord d’un étang, où les pitreries de deux pseudo-accidentés de la route sont interrompues par l’arrivée d’une "mezzo-soprano aquatique" au chant de sirène (Noella Huet). Sans révéler le contenu de chacun des tableaux, disons qu’ils présentent des rituels lyriques d’une grande beauté, poétiques, inquiétants ou comiques, dans lesquels l’eau joue un rôle important. Bien que primitifs, ces artistes naturels sont assurément plus gracieux et moins caricaturaux que les hommes des cavernes mis en scène par Dominic Champagne le printemps dernier…

Peu importe l’interprétation que chacun fera de cette enfilade de scènes. Au sortir du spectacle, l’esprit reste empreint d’images envoûtantes: la lumière crépusculaire sur une cascade où nagent les artistes, tandis que des chauves-souris les survolent, ou encore d’immenses arbres oscillant en cadence, pendant que la mezzo-soprano chante au milieu d’un étang… Sans parodier des classiques de la peinture comme le fait Claudie Gagnon, les "dompteurs de nature et génies technique et logistique" qui ont conçu le spectacle ont pris plaisir, imagine-t-on, à s’inspirer de certaines oeuvres. Libre à chacun de faire des rapprochements…

Sylvie Moreau et François Papineau ont assurément fait un bon coup en convertissant les abords de leur chalet en terrain de jeux. La fête païenne qu’ils y donnent en l’honneur de l’eau, de la terre et du feu vaut le déplacement…

Jusqu’au 15 juillet
Départ du parc Lahaie (boul. Saint-Laurent, angle Laurier)