Frédéric Dubois : Zazie dans le métro
Jusqu’au 1er septembre
Aux Oiseaux de passage
Zazie, gamine turbulente et délurée, veut voir le métro. Simple, pensez-vous, quand on passe justement la fin de semaine à Paris chez Tonton Gabriel. Mais voilà: il y a grève… Déçue, Zazie? Oh, que oui!
Jusqu’au 1er septembre
Aux Oiseaux de passage
Zazie, gamine turbulente et délurée, veut voir le métro. Simple, pensez-vous, quand on passe justement la fin de semaine à Paris chez Tonton Gabriel. Mais voilà: il y a grève… Déçue, Zazie? Oh, que oui! Ce qui ne l’empêchera pas, en deux jours, d’explorer bien autre chose que les souterrains du métropolitain…
Adapter à la scène ce roman fou et foisonnant, le très chouette Zazie dans le métro de Raymond Queneau, est déjà un défi; mais évoquer les tribulations de Zazie dans le tout Paris, ses rues et ses foules, sur une scène exiguë – vraiment exiguë – voilà qui tient presque du tour de force. Et pourtant… on y croit du début à la fin; on est ravi. Le secret? Le metteur en scène et comédien Frédéric Dubois et ses comparses des Fonds de Tiroirs explorent allègrement, avec imagination et fraîcheur, l’aspect le plus ludique du théâtre: son puissant pouvoir de suggestion.
Comme les enfants qui jouent, les comédiens créent avec presque rien. À l’exception d’une colonne Morris fichée en son centre, le plateau est nu. On a besoin d’une foule de touristes, de la tour Eiffel, d’un groupe d’intervention tactique, d’un taxi? Aucun problème: tout est suggéré par le jeu des comédiens, les trouvailles sonores de Pascal Robitaille, et de fortes doses d’ingéniosité et d’humour.
Qui dit Queneau dit, bien sûr, invention et jeux de mots. Le texte grouille de trouvailles que reprennent avec bonheur les comédiens, alignant avec un naturel déconcertant les "bloudjinnzes", "espliquer ou "sessualité". Fête des mots dans le roman, datant de 1959, fête des mots aussi dans le décor (Yasmina Giguère). Sur les rideaux noirs du fond de scène, la silhouette de la ville et partout, des mots: les expressions bigarrées qu’utilise cette joyeuse faune.
Fidèle à son habitude, le metteur en scène mise grandement sur le jeu des comédiens, énergique, souvent chorégraphié, évocateur. À souligner, l’interprétation de Monelle Guertin, qui fait de Zazie une peste attachante, aussi frondeuse qu’enfantine, à l’accent impeccable, et celle de Marie-Christine Lavallée, très drôle et nuancée dans un bien étrange personnage.
L’ensemble n’est pas parfait – construction moins précise en deuxième partie, jeu parfois inégal de Tonton Gabriel (Sylvio-Manuel Arriola) -, mais tout à fait réjouissant. Fête du langage, plaisir de l’invention, imagination et liberté: difficile, pour le spectateur, de ne pas entrer dans le jeu.