Laurent Paquin : Un homme et son péché
Scène

Laurent Paquin : Un homme et son péché

Révélation du Festival Juste pour rire en 2000 et des Nouveaux Visages en 1998, LAURENT PAQUIN a créé son premier one man show au Cabaret la semaine dernière. De l’humour juste et piquant, mais également tendre et vulnérable.

À la première impression, Laurent Paquin apparaît comme un gars sympathique, vulnérable et un peu mal dans sa peau. On est bien loin des humoristes grandes gueules et frondeurs dont les aventures amoureuses font la une des magazines. Mais, à mieux le connaître, on le trouve beau et attachant. Parce qu’il arrive à se montrer tel qu’il est, sans se créer un personnage plus grand que nature, ou sans essayer de nous faire croire qu’il est au-dessus de tout.

Si la force d’un stand-up comic est de tendre un miroir déformant dans lequel les choses ordinaires de la vie semblent soudainement extraordinaires, alors – à la lumière de son premier one man show à l’affiche du Cabaret – Laurent Paquin est un excellent stand-up. Qu’il parle politique, famille, relations de couple, éducation ou consommation, le coanimateur de l’émission CNM, sur les ondes de TQS, le fait de manière incisive, intelligente et tendre.

Par exemple, dans son numéro sur la beauté, l’humoriste expose par l’absurde le triste sort réservée aux gens "laittes" qui ont le malheur de vivre à une époque où le culte de la beauté a remplacé la religion. Ses commentaires sont tranchants, acerbes. Puis, à la fin du sketch, Paquin laisse entrevoir que le bourreau de la laideur souvent en est une victime. Et que lui aussi a souffert du rejet.

Malgré un premier numéro très faible (ses réponses bidon à un questionnaire de magazine bidon ne forment pas le meilleur matériel pour ouvrir un show) et une prestation un peu courte (environ 70 minutes), la révélation du Festival Juste pour rire en 2000 a donné un très bon spectacle mardi dernier devant une salle de première bondée de critiques (une quarantaine de représentants des médias s’étaient déplacés pour l’occasion).

Mis en scène par Joseph Saint-Gelais, écrit par Stéphane Fallu et Paquin (celui-ci est aussi le scripteur d’Anthony Kavanagh), sous la supervision du scripte éditeur André Ducharme, le spectacle judicieusement intitulé Première Impression mêle les numéros de stand-up aux monologues et aux chansons.

Guitare à la main, Paquin incarne d’abord un chansonnier pour enfants qui ferait pâlir un Henri Dès avec des refrains comme "Papa bande mou"… Puis un poète du dimanche, semblant sortir directement du Café Chrétien, qui lance des rimes hilarantes sur l’amour, la solitude et Jésus. Tordant.

Laurent Paquin s’avère aussi un excellent comédien capable de parodier un débat entre deux adversaires politiques à l’Assemblée nationale; ou encore de créer un professeur sadique ayant pris les grands moyens pour enrayer la violence dans les écoles…

Parmi ses numéros les mieux réussis, mentionnons celui traitant de l’omniprésence de la publicité et du discours publicitaire qui semble prendre les consommateurs pour des débiles légers; celui, fort original, sur les prénoms ("Quand un enfant s’appelle Steeve, Kevin ou Nancy, tu sais que ses parents ne parlent pas anglais!").

Laurent Paquin a compris que l’humour est bien meilleur quand son objectif est de nous rendre plus humains. Souhaitons que le succès ne le change pas…

Jusqu’au 27 juillet
Au Cabaret