Momix : Jongler avec le vide
Momix est un de ces spectacles qui n’existent que dans le but de séduire l’oeil, seul organe sollicité ici. Et tant pis s’il laisse en rade le coeur et l’intelligence.
Momix
est un de ces spectacles qui n’existent que dans le but de séduire l’oeil, seul organe sollicité ici. Et tant pis s’il laisse en rade le coeur et l’intelligence. Son caractère purement visuel et musical, ainsi que son langage simple, à portée universelle, lui conférant le sceau "international", la troupe américaine dirigée par le chorégraphe Moses Pendleton promène ses prouesses de par le monde depuis 20 ans.
Rétrospective de plusieurs créations de la compagnie, le spectacle que présente Momix aux Montréalais, gracieuseté de la série Les Incontournables (sic) du Festival Juste pour rire, procède d’un concept très artificiel: une enfilade de numéros, athlétiques, ludiques ou gracieux, n’ayant guère de lien entre eux, sinon une sorte d’hommage aux possibilités et à la flexibilité du corps humain.
Mélange d’humour visuel anodin et de poésie corporelle, tirant tantôt vers la danse, tantôt vers la gymnastique, tantôt vers les acrobaties, tantôt vers le théâtre de marionnettes géantes, ce "vaudeville surréaliste" – dixit son créateur – n’a qu’un seul but: étonner.
Et il n’y parvient que sporadiquement, malgré la performance énergique des sept interprètes, souples, et fort athlétiques. De la danseuse qui tourbillonne élégamment dans un grand cerceau aux deux mimes-acrobates déguisés en prisonniers, en passant par une irritante chorégraphie à la sauce rituelle-mystique, plusieurs numéros ont tendance à étirer leur (mince) concept de base. D’autres semblent tenir davantage de la performance sportive que de l’art et, si l’on peut admirer l’agilité des artistes (comme ces acrobates chaussés de skis), reste que ces images impersonnelles laissent trop souvent de glace.
Évoquant vaguement le souvenir d’un beau numéro de Quidam, du Cirque du Soleil, un couple de danseurs soudés esquissent des formes plus sensuelles. Mais si certains de ces tableaux vivants déploient d’indéniables qualités visuelles, un seul se distingue vraiment par son originalité. Le numéro de clôture, époustouflante et ludique prestation d’ombres chinoises, qui joue avec la lumière et la perspective, où deux corps se fondent, se fusionnent et se reforment pour composer les figures les plus diverses, constitue le clou du spectacle.
Autrement, Momix se réfugie trop souvent dans un esthétisme sans émotion et sans objet, où les images apparaissent puis s’évanouissent sans laisser d’impression. Un spectacle qui, à l’instar de ces trois jolies danseuses qui font tourner de gros ballons blancs sur leur nez, jongle habilement avec le vide.
Jusqu’au 26 juillet
Au Monument-National