Mom's the Word : Tout sur la mère
Scène

Mom’s the Word : Tout sur la mère

La maternité est un club, dont tous les membres finissent éventuellement par se reconnaître, à un jouet oublié dans une poche, à une tache de pablum sur l’épaule…

La maternité est un club, dont tous les membres finissent éventuellement par se reconnaître, à un jouet oublié dans une poche, à une tache de pablum sur l’épaule… Mais point besoin d’en faire partie pour apprécier Mom’s the Word, un hommage acidulé aux "joies" paradoxales de la maternité, monté au Centaur dans le cadre du Just for Laughs Festival.

Ce qui débuta comme un petit spectacle créé en 1994, à Vancouver, pour un festival appelé Women in View, a depuis largement transcendé sa vocation de "show de femmes", et connu un destin international. Pourtant, ce spectacle sympathique et souvent bidonnant conserve indéniablement l’empreinte de ses origines: une création collective écrite à six mains, née d’anecdotes qu’ont partagées entre elles les auteures (Linda A. Carson, Jill Daum, Alison Kelly, Robin Nichol, Barbara Pollard, Deborah Williams).

Formellement, la pièce évoque un groupe d’entraide, par la complicité qui lie les actrices sur scène, souriant aux histoires des autres. Et par cette façon très directe qu’elles ont de déballer franchement les histoires d’horreur qui émaillent leur quotidien.

Malgré la maison de poupée qui décore l’arrière-scène, Mom’s the Word n’est pas un conte de fées, dévoilant l’envers de la médaille quant au difficile rôle de mère, de l’accouchement dans les souffrances aux infernales exigences de la vie de tous les jours. Les mille périls qui menacent la progéniture; la montagne de couches sales; la vie sexuelle que vous n’avez plus le temps – ni l’énergie – d’avoir; l’impuissance, l’épuisement, la peur. Et l’inévitable métamorphose guettant la future maman ("je ne suis plus une citadine; je suis un animal", constate l’une d’elles en égrenant tout ce qu’elle faisait AVANT).

De la mère qui veille un prématuré à celle qui tente d’exprimer à son "cher partenaire" l’incommunicable, soit comment se déroulent ses journées à la maison (les hommes sont ici des figurants, comme si le boulot parental était encore réservé à la femme…), Mom’s the Word rassemble une collection de tranches de vie qui sonnent à la fois vrai et assez caricatural pour dérider. Un show aux accents familiers mais au traitement parfois inventif, malgré quelques longueurs en seconde partie, nettement plus hétéroclite.

Dirigée par Wayne Harrison, la version montréalaise (efficacement adaptée à la réalité locale) compte sur d’excellentes interprètes, remarquables d’énergie et de justesse. Ellen David, Susie Almgren, Satori Shakoor, l’étonnante France Rolland, l’irrésistible Jennifer Morehouse, la forte Carolyn Guillet en mère découragée qui avoue: "Je veux ravoir ma vie."

Si Mom’s the Word dégouline parfois de tendresse et se termine évidemment par une ode à la maternité, certaines vérités inavouables y auront été prononcées avec humour. La colère, l’envie parfois de frapper ces adorables petits, la nostalgie d’une existence de célibataire. Un spectacle à l’allure de thérapie de groupe, qui fut sans doute un formidable exutoire pour ses mères-auteures et qui risque de l’être tout autant pour les spectatrices-génitrices…

Jusqu’au 22 juillet
Au Théâtre Centaur