Puppetry of the Penis : Une p'tite vite
Scène

Puppetry of the Penis : Une p’tite vite

Les esprits avisés l’ont toujours dit: ce n’est pas la dimension de l’engin qui compte, mais bien ce que vous en  faites.

Les esprits avisés l’ont toujours dit: ce n’est pas la dimension de l’engin qui compte, mais bien ce que vous en faites. Et Simon Morley et David Friend savent faire un tas de choses avec leur sexe. Des trucs aussi inutiles qu’inusités. L’impudique duo australien promène depuis 1998 son Puppetry of the Penis, un étrange spectacle "d’origami génital", un "art australien antique" (sic). Une curiosité loufoque présentée par le Festival Juste pour rire. Ou comment rendre rentable le puéril jeu mâle de touche-pipi…

Que peut-on bien créer avec "le petit chose et les deux orphelines" – comme dirait Pierre Perret? Hé bien, d’étonnantes "installations" de chair, avec ou sans accessoires. Manipulant, étirant, contorsionnant la peau de toute la région pénienne, ces gymnastes de l’appareil génital donnent des formes inattendues à leur très élastique instrument. En un tour de main (les manipulations se font fesses au public) apparaissent un boomerang, ou un bébé kangourou dans une poche (!), car les deux Aussies sont fiers de leur patrie, qui le leur rend bien, plaisantent-ils – "et surtout nos mères"…

Parmi les figures les plus réussies de leur répertoire, on découvre un oeil, une planche à voile, un cerveau, une très ressemblante Nessie (monstre du Loch Ness) et son lointain cousin l’escargot, un pélican, un hamburger très cru et peu ragoûtant. Car il faut admettre que ce n’est pas joli, joli, ce déballage de chair triturée pourpre et grisâtre. Esthètes et amateurs de bon goût, passez votre chemin: voilà étalé sous vos yeux (et retransmis sur écran géant pour que vous n’en perdiez pas une miette) tout ce que vous n’avez jamais voulu voir du phallus. Pour désacraliser le membre viril, ça le désacralise…

Mais cette prestation saugrenue, assez drôle et étonnante, suffit-elle à faire un spectacle? Une fois dissipé le premier étonnement, Puppetry… accuse la minceur de son argument, et finit par perdre sa nouveauté – comme quoi l’on s’habitue à tout. Ce show aux effets répétitifs se mord assez vite la queue, si vous me passez l’expression… D’où, pour étoffer un peu le tout, une première partie avec l’humoriste britannique Jackie Clune, qui a la difficile tâche de réchauffer la salle, et qui y parvient plutôt bien en jouant avec la foule et avec ses chansons détournées de leur sens.

Faisant leur entrée drapés dans une cape de superhéros de pacotille, nos deux agiles comédiens à la verge nue (qui ont eu la courtoisie d’apprendre les noms français de leurs différents tours) accompagnent d’un humour de potache leur démonstration. Un "art" débile qui serait en vogue dans les clubs sportifs australiens.

Tant qu’à voir des mâles faire les intéressants avec les exploits de leur pénis, ces deux-là, au moins, ont la grâce d’en rire…

Jusqu’au 22 juillet
À la Cinquième salle de la PDA