David Pressault : Part d’ombre
"La danse d’ici est tellement vivante qu’on peut envisager de se produire dans différents lieux. À Toronto, mes chorégraphies étaient présentées surtout à des endroits conventionnels, qui ne leur convenaient pas tellement", dit-il avec une assurance tranquille.
Danse-Cité fête ses 20 ans. Un vingtième anniversaire qui débute dans les boîtes. En effet, le producteur diffuseur vient d’emménager au quatrième étage du MAI, rue Jeanne-Mance, après avoir cédé ses locaux de la rue Cherrier à l’équipe du Studio de l’Agora. Sous le thème "Ça déménage" (tiens donc!), Danse-Cité entame sa saison en donnant carte blanche au chorégraphe David Pressault.
Ex-danseur pour le Toronto Dance Theatre, David Pressault a entrepris une carrière de chorégraphe voilà six ans. En 1998, ce Montréalais d’origine formé à la technique Graham décide de revenir pour de bon parmi nous. "La danse d’ici est tellement vivante qu’on peut envisager de se produire dans différents lieux. À Toronto, mes chorégraphies étaient présentées surtout à des endroits conventionnels, qui ne leur convenaient pas tellement", dit-il avec une assurance tranquille.
Comme il s’y attend, le jeune homme se retrousse les manches la première année, et c’est au moment de la création de sa compagnie, David Pressault Danse, que les affaires s’emboîtent peu à peu. Il y a eu Croix, une pièce pour cinq danseurs coproduite par le Festival Danse Canada et présentée à Montréal, Toronto et Vancouver. Puis Trois Grâces, une oeuvre féminine qui connaît un semblable succès. Aujourd’hui, il fait partie de la génération des chorégraphes intermédiaires parmi lesquels on retrouve Estelle Clareton, Catherine Tardif ou encore Manon Oligny.
Entreprise voilà un an et demi, la nouvelle création de Pressault met en scène le directeur artistique de Danse-Cité, Daniel Soulières, ainsi que Kha Nguyen, Anne Le Beau et Ziyian Kwan. Ces danseurs incarnent un duo masculin et un duo féminin qui évoluent en parallèle sur la scène. "Leur danse évoque autant des liens fraternels que passionnels." personnifiant une sorte d’Éros, la danseuse de Vancouver Ziyian Kwan noue des liens entre les couples.
On dit de l’écriture chorégraphique de Pressault qu’elle est sombre, fournie, sensible, et polie comme la pierre. Sa huitième oeuvre ne détonne pas par rapport aux précédentes: Violet est plus proche de la mort que de la vie, de la descente que de l’ascension. "Le violet incarne le secret, la mort, le passage de l’automne à l’hiver ou encore le sacrifice", précise le chorégraphe.
Vrai que le mince jeune homme aux cheveux et yeux foncés n’entend pas à rire. Ses principales influences proviennent des cinéastes David Cronenberg et David Lynch. "Quand on ose approfondir la dimension noire des choses, on découvre souvent des trésors cachés, et c’est ce qui transforme nos vies", explique-t-il.
Ne craint-il pas de faire fuir les spectateurs en livrant une danse sérieuse, surtout destinée à un public averti? "C’est sûr que ça fait peur aux producteurs, déclare-t-il. Mais j’espère que comme les films de Lynch ou de Cronenberg, ma danse va attirer des amateurs qui apprécieront mes univers."
Du 5 au 15 septembre, au studio de l’Agora de la danse