Carlos in Therapy : Le choc des idées
Scène

Carlos in Therapy : Le choc des idées

Sens du timing? Le soir même de l’attentat contre les États-Unis avait lieu la première représentation de Carlos in Therapy, une oeuvre collective bilingue se déroulant en partie dans un avion, avec un terroriste du Moyen-Orient en  prime.

Sens du timing? Le soir même de l’attentat contre les États-Unis avait lieu la première représentation de Carlos in Therapy, une oeuvre collective bilingue se déroulant en partie dans un avion, avec un terroriste du Moyen-Orient en prime. Disons que dans les circonstances, l’impact de la onzième création de l’Other Theatre s’en est trouvé décuplé! Une saisissante coïncidence, qui ne suffit malheureusement pas à gommer les maladresses et les longueurs d’une expérience théâtrale constituée de flashs inventifs mais décousus…

Avant même de prendre place dans les gradins, le spectateur est invité à écrire une vérité ou un mensonge sur un bout de papier qu’il glissera dans une boîte à l’entrée de la salle. Débute ensuite une conférence sur les pathologies neurologiques, donnée par le "docteur" Philippe Ducros, lequel nous invite à faire le test de Rorschach (trouver diverses significations à une tache d’encre). Les quatre autres comédiens viennent le rejoindre sur scène pour discuter de la superstition entourant le mot "Macbeth" dans le milieu théâtral. Et ça continue de manière aussi délirante pendant deux heures, les scènes saugrenues se succédant avec une absence de logique qui rappelle celle des rêves. Cela va de l’aveugle qui pose nue pour un photographe, à la mère négligente, babillant dans son cellulaire, en passant par une séance de guérison auprès de charlatans qui opèrent à mains nues, ou encore une tribune téléphonique animée par une gitane aussi directe que le docteur Mailloux. Le tout se déroule dans une pièce qui pourrait être la salle commune d’un hôpital psychiatrique (une scénographie dépouillée de David Vivian).

Derrière cette succession de tableaux hétéroclites, on se doute bien qu’il y a un message. Ceux qui ont lu le mot d’explication de la metteure en scène Stacey Christodoulou comprendront que le tout se veut une charge contre le mensonge et la tromperie qui gangrènent la société. Les autres se raccrocheront à la beauté visuelle de ces scènes éclatées, au jeu précis et allumé de Philippe Ducros, Alex Ivanovici, Caroline Lavoie, Elizabeth Robertson et Marina Lapina, ou bien à l’inventivité avec laquelle sont utilisés un projecteur et des accessoires, trouvés par l’équipe dans leur local de répétition: verres à café, roches, ruban à mesurer…

Au final, cette oeuvre écrite en collectif, dans un franglais très montréalais, manque de clarté et gagnerait certainement à être plus concise. Mais il reste tout de même qu’en plus d’être accessible à toutes les bourses (chacun paie ce qu’il peut), cet objet théâtral unique a le mérite de tenter d’agir sur les consciences. Et par les temps qui courent, qui peut reprocher à des artistes de se soucier de leur responsabilité sociale?

Jusqu’au 29 septembre
Au Théâtre Prospero