Mathilde Monnier : L'instinct présent
Scène

Mathilde Monnier : L’instinct présent

MATHILDE MONNIER a un faible pour le Festival international de nouvelle danse. L’enfant chérie de la danse française est de retour à Montréal avec son nouveau spectacle.

Quatorze ans après sa première visite, Mathilde Monnier est de retour au Festival international de nouvelle danse avec Les Lieux de là , un journal chorégraphique dans lequel elle s’interroge sur la place que chacun occupe sous le soleil. Un furieux corps à corps auquel se livrent 12 danseurs, imaginé par une chorégraphe qui a l’esprit aussi agile que le corps…

L’enfant chérie de la danse française compte parmi les invités fétiches du FIND. En 1999, le Festival présentait en ouverture sa pièce Pour Antigone, une rencontre entre la danse contemporaine et la danse traditionnelle africaine. Depuis qu’elle a posé l’orteil pour la première fois sur scène, au début des années 80, Mathilde Monnier multiplie les audaces artistiques. Après des études qui bifurquèrent de la psychologie vers la danse, elle a oeuvré en duo avec François Verret, puis avec Jean-François Dutoure, avant d’opter pour une prolifique carrière solo. Depuis 1993, elle dirige le Centre chorégraphique national de Montpellier, ville hôtesse du prestigieux festival Montpellier-Danse. Une responsabilité qui ne l’empêche pas de multiplier les projets à risque, notamment auprès des autistes.

Présentée en première nord-américaine au FIND, Les Lieux de là est une pièce importante de son répertoire. "Toute la thématique de ce spectacle tourne autour de l’idée de communauté, explique-t-elle en entrevue téléphonique depuis Montpellier. Quelle place occupe-t-on dans un groupe? C’est aussi une métaphore du corps de ballet, une référence à cet emblème de la danse classique."

Work in progress mené sur deux ans, la pièce se divise en trois parties: Les Non-lieux, Dans les plis et Quelque part, quelqu’un. "La première partie, c’est la recherche de la mise en groupe, une tentative de danser ensemble. La seconde pose le groupe comme objet de départ; les danseurs entassés les uns sur les autres forment un espèce de tas, un bloc compact." Les spectateurs n’oublieront pas de sitôt cette masse de membres enchevêtrés comme dans un charnier. "Le dernier segment est constitué d’un solo, dansé par un interprète choisi au hasard parmi le groupe. La masse des danseurs constitue le décor, tandis que le danseur, lui, est seul."

Mathilde Monnier désire amener l’assistance dans "un voyage polyphonique à travers des lieux utopiques". Sa parabole sur l’exclusion a été décrite par un journaliste du Monde comme une oeuvre crue et "d’autant plus brutale qu’elle ne hurle pas", et ce, à la suite d’une première mouture il y a trois ans. Depuis, Les Lieux de là a continué de faire du chemin. "Je travaille sur un spectacle en changement, en évolution. Ça s’assimile plus à l’expérience qu’à la reprise. La pièce s’est davantage affinée en tournée. D’abord parce que je crois que les danseurs évoluent beaucoup, et aussi parce qu’elle a ce potentiel-là." Les Montréalais sont chanceux, ajoute-t-elle en riant: "Le spectacle est meilleur maintenant!"

Les 12 danseurs et la scénographe Annie Tolleter ont collaboré à l’élaboration de la pièce. Mathilde Monnier s’est adjoint un compositeur de haut calibre, Heiner Goebbels, dont la musique originale est interprétée sur scène par Alexandre Meyer. Un texte du poète Henri Michaux a été "inscrit dans la musique". D’autres auteurs ont inspiré la chorégraphe, dont Beckett et Elias Canetti, "qui a beaucoup décrit les rapports de masse".

Heureuse d’être invitée "en Amérique" (l’entretien a eu lieu quelques minutes à peine avant l’attentat qui a mis New York à feu et à sang…), Mathilde Monnier confie avoir un faible pour le FIND et sa directrice, Chantal Pontbriand. "C’est quelqu’un qui s’intéresse à mon travail, mais aussi à ma démarche, quelqu’un avec qui je suis en dialogue au-delà même des spectacles." Une appréciation que le Festival lui rend bien, la consacrant dans son programme "figure emblématique du FIND".

Mathilde Monnier répondra aux questions du public lors d’une rencontre animée par Stéphane Lépine, le 20 septembre, à midi, au Théâtre Maisonneuve.

Festival international de nouvelle danse
Les 21 et 22 septembre
Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts