Cirque Éloize : Pris de voltige
Scène

Cirque Éloize : Pris de voltige

Après avoir parcouru les chapiteaux du monde entier, Le Cirque Éloize revient en terre natale pour nous présenter Excentricus, un amalgame de performances circassiennes, de théâtre, de danse et de musique.

Pas d’éléphants ni d’ours polaires chez Éloize, mais des flammèches et de la haute voltige, nous promet le directeur artistique et cofondateur de la troupe, Jeannot Painchaud. Relatant les origines de la troupe, l’ancien acrobate dissimule mal une fierté légitime, celle d’avoir mené cette petite entreprise locale (née aux Îles-de-la-Madeleine, en 1993) sur les scènes les plus prestigieuses du monde. Il raconte, comme s’il n’y croyait toujours pas, l’aventure un peu fantastique de quelques finissants de l’École de cirque de Montréal retournant s’inspirer du ciel légendaire des Îles (éloize est le nom donné aux éclairs de chaleur par les Madelinots) afin de créer un spectacle qui, à leur grande surprise, allait révolutionner l’art du cirque.

Depuis, les copains se sont entourés de metteurs en scène réputés, de comédiens et d’acrobates de renommée internationale, et possèdent des moyens matériels qui leur permettent de créer des performances à la hauteur de leurs ambitions. Ils ont promené Excentricus sur les scènes britanniques, israéliennes, allemandes, australiennes, néo-zélandaises, françaises, norvégiennes, colombiennes; ils ont mijoté, rodé, repensé, peaufiné ce spectacle et Jeannot Painchaud promet que la version qui sera présentée à Québec dans quelques jours sera à la fine pointe de leurs rêves les plus audacieux. "Nous avons investi les dernières années à développer un style qui nous est propre; ce qui ressort de ce travail acharné, c’est un certain équilibre scénique, lui-même engendré par la combinaison de deux forces essentielles au cirque: la performance physique et la qualité émotive. Si notre spectacle est aussi populaire à l’étranger, c’est parce que les gens sont étonnés de voir des artistes manier aussi bien l’art théâtral que les prouesses acrobatiques."

Difficile de creuser son sillon dans un milieu qui rencontre, après quelques décennies de vaches maigres, la faveur du public et de la critique (qui a longtemps condamné le cirque, le considérant comme un sous-genre artistique)? "Il devient très ardu de se faire connaître à l’échelle internationale car, en effet, les marchés se sont énormément développés depuis 1990. Cependant, ce boom a entraîné une diversification qui nous donne plus de latitude, de liberté. Les Anglais, par exemple, sont extrêmement avant-gardistes, et nous avons beaucoup à apprendre d’eux. Toutefois, les gens du Cirque Éloize ont une vision très personnelle, et nous essayons de ne pas y déroger: nous sommes appréciés du public et de nos contemporains parce que nous créons des spectacles osés mais accessibles. Ainsi, les professionnels apprécient notre démarche, mais notre priorité n’est pas de faire étalage de savoir-faire; nous cherchons avant tout à faire le pont avec le public, à toucher le spectateur."

Un souci qui se lit notamment dans l’embauche d’artistes pluridisciplinaires; désormais, on demande à un acrobate d’être aussi musicien et de développer sa conscience du jeu théâtral, repoussant les limites qu’imposait jadis le genre circassien, l’excentricité ayant irrémédiablement emboîté le pas aux steppettes de lions dans un cercle de feu.

Les 4,5 et 6 octobre
Au Grand Théâtre
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