Daniel Larrieu : La fête des morts
Scène

Daniel Larrieu : La fête des morts

Daniel Larrieu présentera en première mondiale Cenizas, à l’invitation du Festival international de nouvelle danse.

Montréal, ville exotique? C’est ainsi que la métropole apparaît aux yeux du chorégraphe français Daniel Larrieu, qui y présentera en première mondiale Cenizas, à l’invitation du Festival international de nouvelle danse. Une création réunissant 15 interprètes, conçue en partie lors d’une résidence au Mexique, en partie lors d’un séjour en Géorgie. "Il s’agit d’un rituel joyeux sur la disparition. Car il y a toujours un après aux choses…, annonce le créateur, en entrevue téléphonique depuis son bureau du Centre Chorégraphique National de Tours. Je suis très excité de faire, pour la première fois de ma carrière, une création à l’étranger." Une fête des morts qui s’annonce entraînante et colorée…

Le directeur du Centre chorégraphique de Tours compte parmi les figures marquantes de la danse contemporaine française. Il a déjà présenté deux oeuvres au FIND: Waterproof, dans la piscine olympique du Centre Claude-Robillard en 1987, et Gravures, en 1992. "C’est un esthète de l’art chorégraphique, écrivait un journaliste lors de la création de sa pièce + qu’hier. Depuis 20 ans qu’il participe à la création de la danse contemporaine, Larrieu peaufine ses épures sucrées-salées, ses géométries des sentiments qui évitent tous débordements intempestifs, physiques ou émotifs." Après toutes ces années, qu’est-ce qui fait encore courir (ou plutôt danser!) Daniel Larrieu? "J’ai envie d’apprendre, lance-t-il. Chaque fois que je peux croiser des gens nouveaux, me confronter à d’autres manières de penser, j’apprends des choses sur moi, et sur les autres." D’où son bonheur d’être invité chez les cousins d’Amérique. "Vous pensez les choses d’une manière tout autre. Montréal est pour nous un endroit très exotique! Votre notion d’espace est différente de la nôtre."

"Vous serez cendre, mais sensible encore. Poussière aussi, mais poussière amoureuse." Ces vers du poète Francisco de Quevedo ont inspiré Daniel Larrieu, tout comme la chanson Cenizas de la Mexicaine Toña la Negra, qui sera diffusée au début du spectacle. Une fois les répétitions amorcées, les danseurs ont improvisé à partir du mot cendre, ce qui a donné des résultats étonnants, l’un rempotant une plante, l’autre fumant une cigarette. "Après avoir vu Danzón, un film mexicain de Maria Novaro, avec Maria Rojo, je suis parti à la recherche d’un cours portant sur cette danse quelque peu délaissée par la jeunesse, écrit Larrieu dans un document de presse. D’origine cubaine, le danzón est une sorte de tango doux, peu connu en France. Dans la même période, je retournais en tournée en Géorgie. Les cultures de ces deux endroits du monde pourtant éloignés me paraissent proches. Après avoir interrogé la poétique liée à certains rituels, je voudrais ramener des sons, des matières, des objets de culture populaire et mêler ces influences."

Touche-à-tout, Daniel Larrieu conçoit lui-même les éclairages de ses spectacles – sous un "nom de guerre", Lou Dark – et travaille en étroite collaboration avec tous les concepteurs. À quelques minutes seulement d’une répétition publique de Cenizas au Centre chorégraphique, Larrieu ne laisse transparaître aucune nervosité. Ceux qui prennent place dans les gradins du Centre verront-ils une oeuvre en rupture ou en continuité avec les précédentes? "Comme je suis toujours en rupture d’un spectacle à l’autre, disons que c’est une continuité!" blague-t-il.

Malgré un stage intensif de 10 jours avec un maître mexicain, Larrieu et son équipe se considèrent novices et croient qu’ils en ont encore beaucoup à apprendre sur le danzón. Peu connue outre-Atlantique, cette danse aurait des adeptes ici, a appris le chorégraphe, qui s’avoue particulièrement enthousiasmé à l’idée de rencontrer le public montréalais. Les spectateurs seront invités à prendre part à une initiation au danzón après la représentation du 5 octobre. Une belle façon de célébrer la clôture du Festival… "Nous offrons cette activité d’initiation avec beaucoup d’humilité. S’il y a des gens qui connaissent cette danse, nous serons très heureux de les accueillir et d’apprendre grâce à eux."

Les 4 et 5 octobre
Au Monument-National