Dorice Simon : Ainsi rigolent les chenilles
Scène

Dorice Simon : Ainsi rigolent les chenilles

Comparée à Clémence tout comme à Woody Allen pour son alliage de burlesque et d’angoisse, DORICE SIMON participe, sans négliger le plaisir du spectateur, à rehausser un peu la teneur du nouvel humour québécois.

Au lieu de venir simplement engraisser les rangs des milices du ridicule, la dame aux cheveux rebondissants s’est proposé de donner à entendre un humour existentiel, où ses réflexions s’incarnent dans un style nerveux, jouant sur la naïveté mais lorgnant toujours vers une certaine profondeur. Repêchée par l’institution Juste pour rire grâce à son incontestable différence, Dorice Simon s’est depuis fait connaître au point de devenir finaliste, dans la catégorie "découverte", au Gala des Olivier en 2001. Avant qu’elle n’occupe la scène du Théâtre Petit Champlain pour quatre soirs, nous avons rencontré cet autre phénomène issu du Lac-Saint-Jean.

On vous présente parfois en posant la question de savoir si vous êtes humoriste ou bien conteuse…
"Je sais pas qui a dit ça, qui a parti la rumeur… C’est plus des monologues, mais l’aspect conteuse vient de ce que je conte des histoires, par exemple celle où je dis que je suis en thérapie, et que mon rebirth me fait revenir en arrière pour m’apercevoir que je suis une chenille. Moi qui pensais être quelqu’un de super important! Dans ce sens-là, je ne suis pas vraiment stand-up, avec un punch par ligne."

Le monologue à propos de votre peur de l’avion pourrait être plus difficile à faire passer ces jours-ci. Est-il inspiré d’un véritable état de votre part?
"Oh! oui, ça vient de mon voyage en Saskatchewan, à partir duquel j’ai improvisé. Je voyage quand même: je suis allée en tournée en Belgique par exemple, mais présentement je ne suis pas sûr que j’embarquerais. Je ne fais plus ce monologue actuellement, mais je fonctionne pas mal toujours à partir de moi, comme dans mes monologues sur la peur, sur la mort. C’est pas trop dramatique, par contre."

Votre parcours fut plutôt inhabituel, vous faisant passer de la flûte traversière au théâtre, puis à l’humour. Pourquoi ces bifurcations?
"Je suis une décrocheuse, une vraie. Des fois je me dis que je vais décrocher pendant ce spectacle. J’ai étudié en musique, arrêté un grand bout, en théâtre, à l’École nationale de l’humour, etc. Après j’ai arrêté cinq-six ans, avant qu’un ami me convainque de monter ce spectacle, que j’ai fait pour moi finalement."

On vous compare beaucoup à Clémence Desrochers et à Yvon Deschamps, comment vous sentez-vous avec ça?
"Je l’ai pas fait exprès. Je me sens mal avec ça, mais ça sert probablement de point de repère. Pour Clémence, c’est sûrement parce que j’inclus des chansons au spectacle, mais contrairement à elle, je ne fais aucun personnage."

Vous êtes souvent mise en situation de victime, comme dans l’épisode d’Un gars, une fille où vous léchiez les bottes d’une dominatrice sadomaso…
"Ben oui. Dans le projet de sitcom avec Pauline Martin, je travaillais dans un bureau et j’étais le souffre-douleur de Sonia Vachon. Dans mes histoires, c’est toujours moi la victime, je ris de moi, les drames me tombent dessus. Il ne s’agit jamais de rire d’autrui et j’en ai encore beaucoup à raconter parce qu’il m’arrive toujours des histoires. Pour le moment, au moins."

Du 10 au 13 octobre
Au Théâtre Petit Champlain
Voir calendrier Humour