Carmen : Carpe dilemme
Une Carmen en jeans partagée entre l’attrait sexuel de la rock star Escamillo et l’amour du policier Don José. Voilà la version de Carmen que nous proposent les Grands Ballets canadiens.
C’est Dennis Lepsi, danseur pour les Grands Ballets depuis trois ans, qui incarnera Escamillo à Québec. Il aime ce mélange de théâtre et de danse qui compose cette version de Carmen. "C’est l’fun à danser, vraiment."
La chorégraphe hollandaise Didy Veldman mélange les styles classique, contemporain et jazz. Transposée à l’époque actuelle, l’action se déroule à Rio de Janeiro, dans l’usine de cigarettes où travaille Carmen, dans un bar et dans l’entrepôt des bandits. Le toréador Escamillo devient chanteur rock.
La pièce a d’abord été créée pour le Northern Ballet Theatre à Londres. En la reprenant avec les Grands Ballets, la chorégraphe a permis aux danseurs d’y ajouter leur touche. "Elle a quasiment refait l’oeuvre pour nous, dit Dennis Lepsi. Je pense qu’elle voulait que ça danse un petit peu plus." Sous l’influence de Victor Quijada, qui joue le rôle d’Escamillo en alternance avec Lepsi, des éléments de break dance sont apparus. Quijada est en effet danseur hip-hop à ses heures.
Il y a un fort contraste entre les deux hommes dans la vie de Carmen. "Don José, c’est un policier, mais il est faible, il ne sait pas ce qu’il veut, estime Dennis Lepsi. Escamillo, il est fort, c’est une star. Don José a vraiment besoin de Carmen. Escamillo, si ça ne marche pas avec Carmen, ce n’est pas grave, il va sûrement en trouver une autre. Je ne crois pas qu’il puisse être blessé par Carmen. C’est une autre groupie, c’est tout." Si la relation entre Carmen et son doux policier laisse place aux sentiments, avec le chanteur, tout n’est que sensualité et sexualité.
Le personnage d’Escamillo ne passe pas inaperçu. Pour son entrée, la musique de Bizet devient carrément rock: Toréador prend garde… "J’essaie vraiment de devenir cette rock star, révèle Dennis Lepsi, d’être comme un Billy Idol, un Axel Rose ou un Jimmy Hendrix: ils n’ont pas de limites, ils font de la drogue, ils ont beaucoup de femmes autour d’eux, ils ont l’adulation du public. Ils sont habitués à ça, c’est leur vie et c’est ça que j’essaie de transmettre." Quant à Lisa Davies, la Carmen que nous verrons à Québec, son partenaire la décrit comme particulièrement agressive et déterminée, avec une attitude explicitement sexuelle.
Les danseurs disposent d’une certaine liberté dans leur interprétation. Il y a des soirs où Dennis Lepsi se laisse prendre au jeu plus que d’autres, surtout quand la musique est bien forte. "C’est bon signe si je ne me rappelle plus ce que je viens de faire sur la scène. Pour moi, ça veut dire que je me suis vraiment impliqué dans le personnage." Après la dernière représentation qu’il a donnée, il s’est fait dire qu’il n’était vraiment pas gêné par une des danseuses qui jouent ses admiratrices. Il lui a répondu: "Ben, je ne me rappelle pas ce que j’ai fait."
Au Grand Théâtre, la musique réarrangée de Bizet sera jouée en direct par l‘Orchestre symphonique de Québec sous la direction de Jacques Lacombe, chef d’orchestre attitré des Grands Ballets.
Le 30 octobre
Au Grand Théâtre
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