Après on verra bien… : Drôle de cirque
Scène

Après on verra bien… : Drôle de cirque

L’homme de théâtre GUY ALLOUCHERIE fait-il du théâtre-cirque? De la danse-cirque? De la danse-théâtre-cirque? Aucune de ces réponses. Après on verra bien…, le spectacle que sa compagnie Hendrick Van Der Zee et la compagnie Anomalie présentent en tournée québécoise, c’est d’abord et avant tout du cirque. Mais, un cirque qui n’a plus rien à voir avec les numéros de notre enfance ni avec ceux du Cirque du Soleil.

Depuis plusieurs années, Guy Alloucherie utilise des artifices circassiens dans ses mises en scène. Souvenez-vous, ce Français avait monté, l’année dernière, une version acrobatique de À quelle heure on meurt? Une mise en scène qui lui avait valu un prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre, et un autre prix du public du théâtre du Trident. On ne saurait trouver mieux comme carte de visite! "Lorsque je fais du théâtre, je fais aussi de la mise en piste ou de cirque. Pour moi, c’est le seul et même univers", déclare-t-il en entrevue téléphonique.

Dans un décor d’entrepôt désaffecté, 10 acrobates jonglent avec des quilles comme avec des questions existentielles portant sur la vie, l’amour, l’amitié. À certains moments, ils récitent des textes de François Villon, Albert Camus et Patti Smith. À d’autres moments, ils se perdent dans des mouvements exacerbés. Guy Alloucherie a raison: ce sont des prouesses de cirque qui volent la vedette dans ce spectacle indéfinissable. Normal, puisque Après on verra bien… est défendu par la compagnie Anomalie. Cette troupe d’acrobates français nous avait donné, il y a quelques années, la fabuleuse chorégraphie Le Cri du caméléon. "Les acrobates sont comme une métaphore de la vie: ils oscillent constamment entre des états d’équilibre et de déséquilibre", explique le metteur en scène.

Les membres d’Anomalie, à l’aise au théâtre comme dans la danse, appartiennent à la mouvance du nouveau cirque, née en France au milieu des années 80. "C’est un travail collectif, explique Guy Alloucherie. On a mis nos savoir-faire en commun, et on a fait en sorte que ça se passe bien." Sous la direction de Guy Alloucherie et du chorégraphe Laurent Letourneur, les acrobates d’Anomalie ont improvisé le contenu du spectacle en s’inspirant de leurs histoires personnelles. Au bout de trois mois de répétitions, la création collective entrait en piste, au chapiteau du parc de La Villette, à Paris.

La troupe aurait pu se casser la margoulette avec un tel concept. Car, Après on verra bien… ne raconte pas une histoire mais 1000 histoires. Vrai que c’est souvent le chaos sur scène. Par moments, le public a l’impression d’assister à un match de boxe tellement les personnages en mal d’affection évoluent la rage au ventre. Mais leurs prouesses techniques en mettent tellement plein la vue que le spectateur se laisse vite entraîner dans ce tourbillon à la fois drôle, attendrissant et étourdissant. "Il s’agit de jeunes qui vivent très fort l’instant présent en se disant qu’après ils verront bien."

Au fait, pourquoi Guy Alloucherie aime-t-il autant l’univers du cirque? "C’est un des derniers endroits de spectacle vivant qui touche encore toutes les classes sociales."

Le 6 novembre
Au Grand Théâtre
V0ir calendrier Danse