Carole Nadeau : Statut de la liberté
"Je pars, dans mes créations, de la scénographie", expose Carole Nadeau. "C’est pour moi l’élément déclencheur.
"Je pars, dans mes créations, de la scénographie", expose Carole Nadeau. "C’est pour moi l’élément déclencheur. De là je construis: je lis, j’accumule des extraits visuels et textuels. Après, je fais des liens." Glanés au fil des recherches, ces éléments se fondent en "une seule écriture scénique".
Ainsi est née une "oeuvre mosaïque": MeMyLee Miller, portrait bidule d’une femme photographe, son spectacle créé en septembre 2000, qui sera repris du 8 au 24 novembre, au Hord-Bord, une salle située au 3655, boulevard Saint-Laurent.
"Je suis tombée sur Lee Miller par hasard", avoue Carole Nadeau. Tout de suite, "coup de foudre" pour cette "femme fascinante", "pour la porte d’entrée qu’elle m’ouvrait sur des événements majeurs du siècle dernier". Tour à tour mannequin, modèle et amante de Man Ray, photographe, correspondante de guerre, Lee Miller a été la première femme au front, a fréquenté les surréalistes, a habité au Caire. "Elle semble avoir mené six vies différentes!" s’exclame la comédienne et metteure en scène. "Elle était très moderne, agissait vraiment selon ce qui la stimulait, selon sa propre conscience à une époque pas évidente pour les femmes. C’était un esprit libre, vraiment très libre."
"Le spectacle est un voyage dans le siècle dernier, un poème surréaliste où, par surcroît, je parle de la guerre, de la violence, des arts." Seule en scène, Carole Nadeau interprète deux personnages: Lee Miller et une femme en quête de cette artiste étonnante. Cherchant à la connaître, l’admiratrice découvre peu à peu que Lee Miller était très secrète. "Même pour les gens de son entourage, elle était insaisissable" rappelle Carole Nadeau. Ainsi, "la Lee Miller sur scène, c’est la Lee Miller dans la tête de la personne qui lit: d’où le titre. C’est comme si on ouvrait un livre: on entre dans la tête de la lectrice, tout simplement." Le résultat? Un "portrait bidule", réalisé "dans un esprit de ludisme rigoureux et artisanal", en collaboration avec quatre concepteurs: Louis Hudon, Lucie Bazzo, Marie Larocque, Éric Forget. "C’est pas sérieux tout ça: on s’amuse. C’est vraiment du bricolage surréaliste."
Récipiendaire en mai 2000 du prix John-Hirsch, "soulignant l’excellence et la singularité de la démarche de jeunes metteurs en scène canadiens", Carole Nadeau en est à son sixième spectacle avec sa compagnie, fondée en 1993 et sise à Montréal. "Cellule de recherche et de création en théâtre multidisciplinaire", Le Pont Bridge crée des liens entre le théâtre et différents domaines, ici, sons et images, ailleurs, danse, recherches psychologiques ou scientifiques.
Pourquoi le théâtre multidisciplinaire? "Je suis une curieuse de nature, répond la créatrice. Je suis fascinée par les arts, la littérature, je lis toutes sortes de choses. Pour moi il y a un plaisir à mettre des affaires ensemble. Toutefois, la question du sens et de l’efficacité dramatique reste très importante. Mélangeant plusieurs disciplines, j’en fais une seule écriture."
"Mon trip à moi, conclut Carole Nadeau, c’est d’être le plus libre possible dans mon travail." Pas étonnant qu’elle s’intéresse à Lee Miller, une femme curieuse et indépendante.
Du 8 au 24 novembre
Au Hord-Bord