Plus que ça c'est trop… : Ménage à trois
Scène

Plus que ça c’est trop… : Ménage à trois

La formule du collectif convient comme un gant à HÉLOÏSE RÉMY. Avec un premier spectacle signé en trio, la chorégraphe et interprète nous dévoile la richesse de son imaginaire.

"Des fois, je me demande si mon travail est utile pour la société", dévoile Héloïse Rémy en entrevue. Une déclaration qui a de quoi étonner venant de la part d’une jeune artiste entêtée et ayant l’habitude de multiplier les nouveaux départs.

En France, Héloïse Rémy a abandonné des études en médecine pour embrasser la carrière de chorégraphe et de danseuse. En 1996, elle quitte son pays pour venir vivre parmi nous. À son arrivée, elle frappe à la porte des producteurs, diffuseurs et compagnies de danse pour qu’on l’engage. Au bout d’une dizaine de refus, elle prend son sort en main, et fonde un collectif avec la collaboration de deux exilés comme elle: Kha, né au Vietnam, et Katie Ward, qui a grandi à Vancouver. Et elle découvre que la formule du collectif lui convient comme un gant. "J’aime m’impliquer de A à Z dans un projet, même si cela exige une grande logistique."

Le trio partage plusieurs points communs dont celui de vouloir joindre un grand public. Et cet autre, d’avoir en sainte horreur une chorégraphie conçue pour les initiés. "Après une heure et quart de danse, le public s’ennuie même si c’est bon", dit-elle. Leur collectif porte un nom aussi long qu’extravagant: "Plus que ça c’est trop surtout que l’autre fois c’était limite (…) en tout cas c’est ce qu’on m’a dit". Cette appellation, souvent raccourcie à Plus que ça c’est trop, est également le titre du premier spectacle du collectif. Il ouvre la voie à toutes sortes d’interprétations, révélant, du coup, le riche imaginaire de ses membres. "C’est à la fois beau et laid, simple et compliqué. Et surtout, ça suscite la curiosité et le dialogue", explique la jeune femme.

En tout cas, Plus que ça c’est trop n’y va pas avec le dos de la cuillère pour sa première sortie publique. Le groupe offre huit représentations à la Cinquième salle de la Place des Arts. Collectif oblige, les membres se partageront la scène à parts égales selon un concept casse-tête… pour la critique du moins. Durant deux soirs, on livrera uniquement des extraits des trois créations. Les autres soirs comporteront la représentation d’une oeuvre complète ainsi que des extraits des deux autres danses.

Selon Héloïse Rémy, on peut opter pour la soirée comportant seulement des extraits pour se faire une idée du travail de chacun, et revenir un autre soir pour en savoir plus sur le travail de l’artiste de notre choix. Sinon, si l’on aime les univers calqués sur la bande dessinée, la danse de Kha devrait nous séduire. Par contre, si l’on préfère être bousculé dans nos habitudes, la danse-théâtre d’Héloïse Rémy se révélera notre premier choix. Enfin, si l’on en a uniquement pour les univers poétiques, on optera pour la soirée réservée à Katie Ward.

Et si vous assistez à Plus que ça c’est trop, prenez le temps de discuter ensuite avec Héloïse et sa bande. Vos paroles la rassureront sans doute quant à la pertinence de son travail. Un geste qui ne saurait être de trop!

Du 7 au 17 novembre
À la Cinquième salle de la Place des Arts

Nature/culture
La nature sauvage a toujours attiré Tedi Tafel. Préoccupée par la sauvegarde de l’environnement, la chorégraphe et danseuse, qui a plus de 20 ans de métier, fait partie de Boréal Art/Nature. Ce collectif d’artistes établi dans les Hautes-Laurentides a pour mission de marier les arts avec la nature. Par exemple, Tedi Tafel a dansé tantôt dans une forêt centenaire, tantôt à flanc de montagne. Ô surprise, son prochain spectacle, Then, There, Here, se déroulera sur une scène traditionnelle au coeur du centre-ville de Montréal, le Théâtre La Chapelle. Mais la rivière, la montagne et les grands espaces continueront d’habiter les mouvements de l’artiste. Projetés sur un grand écran transparent, ces éléments de la nature serviront de décor à sa nouvelle danse. Une danse qui nous transportera dans l’étonnante nature de l’Islande.

Voilà deux ans, la jeune femme a découvert, à pied, cette île voisine du Groenland. Caméra à l’épaule, elle a filmé des montagnes bleues, vertes ou jaunes, de grandes étendues désertiques, des rivières tumultueuses au parcours éphémère, un soleil qui ne se couche presque jamais, des vallées glaciaires… "Je n’avais jamais rien vu de comparable", déclare-t-elle encore sous le charme. Mais c’est le vent omniprésent qui l’a le plus inspirée. "J’ai pris conscience de ma respiration et de l’impulsion qui vient de l’intérieur."

Résultat: une danse poétique et ambiguë, qui oscille entre le mystère et la vulnérabilité. La musique de Monique Jean renforce encore plus l’impression de voyager en territoire inconnu.

Du 8 au 17 novembre
Au Théâtre La Chapelle