Anne-Marie Giroux : Seconde nature
Formée en danse actuelle et en arts visuels à l’Université Concordia, ANNE-MARIE GIROUX a dansé quelque peu pour Tedi Tafel et Martha Carter. Elle signe sa troisième chorégraphie à l’Agora de la danse.
Anne-Marie Giroux aime prendre son temps, réfléchir sur son travail, le peaufiner. Il lui a fallu presque deux ans pour créer sa dernière oeuvre, Aube et Crépuscule. À quelques jours de la première, on devine la jeune artiste fébrile. Lorsqu’elle nous parle de sa danse, ses mains virevoltent dans l’air, son débit coule comme une rivière au printemps. C’est que sa troisième chorégraphie se révèle importante pour sa carrière.
Pourtant, il s’en est fallu de peu pour que ce projet chorégraphique ne se réalise pas. À la fin de son précédent spectacle, Modulus 5, un solo autoproduit en 1997 au Théâtre La Chapelle, Anne-Marie Giroux en avait sa claque de mener ses projets à bout de bras. Heureusement, un séjour à la campagne a suffi pour lui redonner le goût de créer. "En écoutant les sons du criquet et du ouaouaron, j’ai tout de suite su qu’il y avait là un filon."
Puis, tout s’est enchaîné. Robert Meilleur, Rachel Harris et Maya Ostrofsky ont accepté son offre de danser pour elle. "Dès le départ, mon idée était nette: je souhaitais une symbiose entre l’être et la matière; entre la danse et la sculpture." En clair, les danseurs incarneraient chacun le bois, le métal et l’acier sur une scène décorée uniquement de deux sculptures du Québécois Jérôme Poirier. Les solos, duos et trios évolueraient à un rythme lent, permettant ainsi au public de découvrir les subtilités de la gestuelle.
Lorsque la directrice artistique de l’Agora de la danse, Francine Bernier, vit une première ébauche de cette artiste inconnue du milieu de la danse, elle lui proposa aussitôt de faire partie de sa programmation. Après plus d’une douzaine d’années à vivoter, Anne-Marie Giroux ne pouvait refuser cette offre. Formée à la danse actuelle et en arts visuels à l’Université Concordia, la jeune femme a dansé quelque peu pour Tedi Tafel et Martha Carter, et touché à la performance multidisciplinaire, avant de s’engager dans la carrière de chorégraphe. "J’ai su très vite que c’était la création qui me passionnait."
Entre son travail de serveuse à temps plein et son travail artistique, cette touche-à-tout a trouvé le temps de confectionner la bande sonore de sa pièce. Un environnement riche des bruits nocturnes de la région rurale près de Valleyfield. Ce singulier contexte musical sert quasiment de décor à sa pièce. "On imagine sans peine une nuit à la campagne en fermant les yeux", explique-t-elle.
Si la chorégraphe a longtemps douté de sa capacité d’artiste, elle connaît aujourd’hui sa valeur. "J’ai une signature reconnaissable", dit-elle. Ainsi, ses univers flottent dans les eaux du théâtre et des arts visuels. De plus, ses mouvements minimalistes donnent l’impression au spectateur de faire face à une oeuvre sculpturale. La chorégraphe reconnaît qu’Aube et Crépuscule exige une grande attention de la part du public. "Ma pièce reste cependant accessible, se défend-elle. Puisqu’elle parle d’un thème universel, l’humain."
Du 14 au 17 novembre
Au Studio de l’Agora de la danse