Clovis dans la fleur de l’âge : En commençant par la fin
À l’aube de sa carrière, Guillaume Lemée présente Clovis dans la fleur de l’âge, un premier spectacle solo dans lequel il incarne un octogénaire au crépuscule de sa vie.
À l’aube de sa carrière, Guillaume Lemée présente Clovis dans la fleur de l’âge, un premier spectacle solo dans lequel il incarne un octogénaire au crépuscule de sa vie. Il faut croire que le bachelier de l’UQAM (qui aurait tout de même déjà pondu cinq longues et six courtes pièces) ne craint pas les défis, lui qui porte sur ses épaules la mise en scène et l’interprétation du drame futuriste qu’il a écrit!
Dirigé par Marie Élaine Savoie, Lemée se glisse donc sous la tunique argentée de Clovis Darasse pour embrasser d’un dernier coup d’oeil la petite et la grande histoire du siècle qu’il s’apprête à quitter…
L’action se déroule en 2061, dans la chambre immaculée d’un hôpital où le vieil homme bavard attend impatiemment d’être euthanasié. Inspiré par les défunts père et grand-oncle de l’auteur, Clovis se décrit comme un "vieil emmerdeur" de 88 ans. Il nous raconte sa vie de sculpteur renommé – il confie avoir compris que tous les créateurs étaient des obsédés sexuels! -, brisée par une trahison amoureuse. Il tente, durant une heure trente, de convaincre une infirmière virtuelle (voix de Monelle Guertin) de mettre fin à son calvaire et, en attendant la piqûre tant souhaitée en compagnie de son hibou Victor, se désole que la science et les "sarraus blancs" mènent désormais le monde.
Clovis dans la fleur de l’âge a le mérite d’explorer un genre inusité, le théâtre de science-fiction. Mais contrairement à Olivier Choinière, qui l’a fait dans Agromorphobia avec humour sur le mode de la série B, Guillaume Lemée entend peu à rire. Quasi immobile dans un décor ingénieux de Mathieu Poirier-Galarneau, son volubile Clovis est dans un état épouvantable, du début à la fin. Submergé par un flot de paroles, le spectateur se dit qu’il serait intéressant que le comédien laisse aussi parler son corps… et respirer l’assistance. Au bout du compte, les amateurs de fiction futuriste trouveront certainement matière à réflexion dans cette pièce chargée d’émotions, écrite "dans le désarroi du deuil". Les autres risquent de se surprendre à espérer que l’infirmière vienne enfin administrer à Clovis l’injection qu’il réclame avec tant d’ardeur…
Jusqu’au 24 novembre
Salle intime du Prospero